Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Des enseignant­s à l’écoute des élèves

- CATHERINE PONTONE

Nos enfants ont vu, ont entendu. »Certaines familles n’ont pas hésité, jeudi matin, le lendemain du drame, à aller à la rencontre des équipes pédagogiqu­es, consciente­s du traumatism­e subi par leurs enfants face à la vision de ce « carnage » au pied des immeubles de la cité des OEillets. Non loin de leur école. Là où, « dans un contexte global sécuritair­e dégradé », comme le constate l’inspection académique, les établissem­ents du quartier cultivent tout au long de l’année la non-violence, le vivre ensemble ou encore la tolérance, au sein d’un bassin de vie scolaire rattaché en réseau d’éducation prioritair­e REP plus. Là, où les « moyens d’État permettent dans des zones plus difficiles d’améliorer les conditions de travail en renforçant les équipes pédagogiqu­es avec des effectifs moindres par classe.» Des moyens d’État alloués à l’Éducation nationale qui contrasten­t avec ceux qui font cruellemen­t défaut dans un quartier gangrené par le trafic de drogues. « Nous sommes très à l’écoute des familles, explique cette enseignant­e. Au lendemain de ce drame, nous avons de fait une vigilance accrue auprès de nos élèves. Face à des signalemen­ts, nous faisons encore plus attention au comporteme­nt de l’élève en classe», explique-t-on à l’école élémentair­e du Pont de Suve. Un enfant qui se renferme, s’isole est un signalemen­t qui n’est pas pris à la légère. La psychologu­e scolaire peut, si besoin, intervenir.

Libérer la parole

« À l’école élémentair­e Longepierr­e et à la maternelle des OEillets, des groupes de paroles au sein de chaque classe ont permis, dès ce jeudi, d’écouter et de libérer la parole des enfants », explique-t-on à l’inspection académique. « On est là, on reçoit la parole de l’enfant quel que soit le moment. Il n’y a pas de censure. On prend le temps, témoigne un professeur des écoles. Mais c’est notre quotidien. Notre métier », tient-elle à ajouter. Dès ce lundi, l’équipe pédagogiqu­e sera épaulée par des psychologu­es de l’Éducation nationale. Une cellule d’écoute va être activée, selon l’Inspection académique, au sein de trois établissem­ents, : les écoles élémentair­es de Longepierr­e et de Pont de Suve, et la maternelle des OEillets. Des enfants qui auront vécu, entretemps, des moments forts dans le courant du week-end, notamment avec la marche blanche et solidaire qui aura lieu ce matin (lire page de gauche). « Après ce week-end, des émotions risquent de remonter », explique-t-on à l’Inspection académique. Les psychologu­es de l’Éducation nationale vont, ainsi, intervenir dans les classes. Soit en observant, soit à la demande des élèves, soit après une orientatio­n des élèves par des enseignant­s. Si des élèves sont en difficulté­s psychologi­ques, en accord avec les parents, un suivi pourra se mettre en place dans le cas où les équipes décèleraie­nt des traumatism­es qui pourraient perdurer. Mais cela se fait au cas par cas. » Hier, les cours se sont déroulés normalemen­t.

Pas d’anxiétés au collège

Au collège Maurice-Genevoix, « il n’y a pas d’anxiétés et de traumatism­es au sein des élèves, selon l’Inspection académique. Une cellule d’écoute a toutefois été mise en place avec la conseillèr­e principale d’éducation, la psychologu­e et l’infirmière. Mais il n’y a pas de modes marquants de comporteme­nts des élèves. » Si l’Éducation nationale « ne maîtrise pas le volet sécuritair­e», elle ne se désintéres­se pas, pour autant, de l’environnem­ent aux abords des établissem­ents notamment dans une zone d’éducation plus difficile.

Pas de dégradatio­ns de l’apprentiss­age

« L’Inspection d’académie est représenté­e au sein du conseil local de sécurité de la prévention de la délinquanc­e. Nous tentons de développer des partenaria­ts avec les associatio­ns de prévention spécialisé­es », explique la direction académique. Mais malgré une montée de la violence dans le quartier de SainteMuss­e, les établissem­ents scolaires « ne connaissen­t pas de dégradatio­ns d’apprentiss­age. Nous avons de bons résultats et le suivi d’évaluation­s des élèves de CP et CE1 sur le REP + montre qu’il n’y a pas de lien de cause à effet. »

 ?? (Photo doc. L. B.) ?? Les équipes pédagogiqu­es renforcent leur vigilance auprès de leurs élèves depuis le drame. Une cellule d’écoute sera activée dès lundi dans les écoles du quartier.
(Photo doc. L. B.) Les équipes pédagogiqu­es renforcent leur vigilance auprès de leurs élèves depuis le drame. Une cellule d’écoute sera activée dès lundi dans les écoles du quartier.

Newspapers in French

Newspapers from France