Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Cette année, la production d’huile d’olive tombe à l’eau

Confrontés à une météo capricieus­e, les oléiculteu­rs varois doivent se rendre à l’évidence : la cuvée 2018 devrait être moins importante que les années précédente­s en raison d’un faible rendement

- HARRY HOZÉ

La saison ne fait que commencer, que, déjà, un constat s’impose : cette année, la production d’huile d’olive dans le Var s’annonce très mauvaise. En cause, la météo capricieus­e et, surtout, la pluie qui ne cesse de tomber depuis plusieurs semaines. Pour les oléiculteu­rs, cet épisode pluvieux représente une véritable gêne pour le traitement de ces drupes typiques de Provence. Au Moulin des 5 Ponts de Cuers, les rendements enregistré­s à ce jour en témoignent. « L’année dernière, pour 100 kg d’olives traités, on arrivait à extraire 17 litres d’huile. Cette année, de 100 kg d’olives, on ne tire que 10 litres d’huile », déplore Jean-Louis Baudino, président du conseil d’administra­tion de cette coopérativ­e agricole depuis plus de vingt ans.

Rendement très faible

À une trentaine de kilomètres de là, au Domaine du Jasson de La Londe où exerce la famille Carra, les pourcentag­es sont encore plus faibles : la quantité d’huile extraite de 100 kg d’olives n’est que de 7,5 litres en moyenne. Soit presque la moitié que l’année précédente. Pour expliquer ces écarts d’indice, il faut simplement faire preuve de pragmatism­e scientifiq­ue. « En raison de la pluie abondante de ces dernières semaines, les olives se retrouvent gorgées d’eau. Pierre Carra et sa fille Anne du domaine du Jasson traitent  à  tonnes d’olives par jour.

La teneur en huile chute, et c’est la production d’huile d’olive qui en pâtit », poursuit Baudino. Pierre Carra, doyen et responsabl­e du moulin londais, étaye ce raisonneme­nt : « À cause de ces précipitat­ions, les arbres absorbent de l’eau abondammen­t. Cela crée une montée de sève et c’est ce qui fait gonfler les olives. »

Une récolte pourtant « exceptionn­elle »

Pour autant, la récolte d’olives n’est, elle, pas si mauvaise. Au moulin de Cuers, 45 tonnes d’olives ont été apportées à ce jour. L’objectif

des 150 tonnes annuelles est ainsi abordable, sachant que l’olivade(1) a démarré début octobre et qu’elle durera encore deux mois au minimum. « En début de saison, on prévoyait même de dépasser les 200 tonnes », affirme son responsabl­e. Même constat au Domaine du Jasson, où le ramassage des olives, effectué quotidienn­ement sur les 19 hectares de terrain, atteint « entre trois et six tonnes par jour ». « Ce qui est paradoxal, c’est que l’on enregistre cette année une récolte exceptionn­elle, souligne Pierre Carra, qui prendra sa retraite à la fin de l’année 2018 après 42 ans d’activité dans ce domaine.

Il n’empêche que les rendements sont très faibles .» Effectivem­ent, qui dit beaucoup d’olives ne dit pas forcément beaucoup d’huile. « Certaines personnes se trompent. Elles auront beau amener beaucoup d’olives, ce sera en grosse partie de l’eau », prévient Jean-Louis Baudino. Pour remédier à ce départ poussif, il faudra espérer que la météo s’améliore. « L’idéal serait qu’il fasse froid et sec… et sans mistral pour éviter que les olives ne tombent ». Pas improbable. À moins que Dame Nature ne fasse encore des siennes. 1. Période de cueillette des olives.

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(Photos V. L.P)
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L’huile d’olive est ensuite séparée de l’eau et de la margine.
 ??  ?? Les olives sont effeuillée­s et lavées.
Les olives sont effeuillée­s et lavées.
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La récolte constitue la première étape.

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