Var-Matin (La Seyne / Sanary)

GUÉRILLA URBAINE AU PÉAGE DE LA CIOTAT

Samedi soir, plus de soixante-dix policiers ont été pris à partie par une trentaine de casseurs infiltrés dans les rangs des gilets jaunes avec qui ils se sont affrontés. Onze jeunes ont été interpellé­s.

- JEAN-MARC VINCENTI jmvincenti@nicematin.fr

Sur le coup, elle n’a pas eu peur. Mais, hier matin, lorsque Maria, gilet jaune âgée de 61 ans, est revenue tenir sa position citoyenne sur la barrière de péage de La Ciotat, qui portait les stigmates de la nuit de violence de la veille (lire en pages 16 et 17) où les policiers ont été opposés à une trentaine de casseurs, elle s’est dit qu’elle avait peut-être échappé au pire. Pourtant, lorsqu’elle quitte le barrage filtrant mis en place au péage, avec son époux, samedi vers 20 heures, l’ambiance y est encore chaleureus­e.

Casques, barres de fer et barrage...

« Lorsque nous sommes revenus de chez des amis à Roquevaire, vers 1 h du matin, l’entrée d’autoroute était annoncée comme fermée. Je me suis dit qu’il s’était passé quelque chose », confie-t-elle. Le couple rentre alors en ville en empruntant la déviation naturelle de la route des Crêtes (RD 559). À hauteur du rond-point des “Nauticales”, les lumières des gyrophares des véhicules des policiers et pompiers, qui percent les effluves des gaz lacrymogèn­es encore présents dans l’atmosphère, confirment ses craintes. «C’est là que, sur la route, dans la descente vers le centre-ville, nous avons été stoppés par le barrage d’une dizaine de jeunes en scooter, casqués, qui tenaient des barres de fers. Ils nous ont dit: “Vous ne passerez pas ! “». Le mari de Maria, lui, a eu peur : «Il leur a montré la carte handicapée de notre fille en leur disant qu’il fallait qu’on rentre pour s’en occuper, il a insisté... L’un des jeunes a fini par dire : “Laissezles passer“. Je ne sais pas ce qu’il est advenu des voitures qui étaient derrière nous».

« Ne nous associez pas à ça, hein ! »

Hier matin, assisté par un véhicule de nettoyage, les gilets jaunes, écoeurés et incrédules, se sont affairés sur le site, autour de la cabine de péage et des monnayeurs dévastés notamment, pour tenter de lui redonner un aspect présentabl­e. Ils ont balayé la chaussée, depuis le rond-point, des débris de verre, des cartouches de fumigènes, des traces d’incendies et des débris divers qui la souillaien­t. « On répare les conneries des jeunes, lâche l’un d’eux, énervé. Ne nous associez pas à ça, hein ! On est pacifiques ! ». Maria est donc revenue sur le barrage : « Je touche une retraite de 800 euros par mois, après 42 ans dans la grande distributi­on. Je suis obligée de souscrire une mutuelle au rabais, mon mari a vu sa retraite ponctionné­e de 90 euros... Vous trouvez ça normal, toutes ces taxes? C’est la première fois de ma vie que je manifeste. Je suis là tous les jours depuis une semaine. Et comme les autres, je resterai tant qu’il faudra ». Vinci Autoroutes a annoncé son intention de porter plainte. Les gilets jaunes leur déterminat­ion à ne rien lâcher.

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(Photos Frank Muller) Hier matin, alors que Maria (au centre), retraitée de  ans, revenait tenir sa position sur le barrage filtrant, les gilets jaunes, écoeurés et incrédules, se déployaien­t autour de la barrière de péage pour tenter d’effacer les stigmates d’une nuit de violence.
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