Heures tristes
Depuis le choix des électeurs britanniques, en juin , de sortir de l’Union européenne, les négociateurs réunis pour fixer les termes du divorce ont entamé une course de haies avec quatre grands obstacles. Le premier était de trouver un accord pour sceller par contrat ce Brexit et donc l’encadrer. Longues et difficiles négociations depuis près de deux ans mais qui ont abouti à la rédaction d’« un accord de retrait », annoncé le novembre. Dans cette discussion, le représentant de l’Union, l’ancien ministre Michel Barnier, aura fait preuve d’une détermination au fond très britannique, d’une grande patience et d’un savoir-faire diplomatique exceptionnel dans la défense des intérêts de l’Union car l’accord est plutôt favorable à l’UE. Deuxième obstacle, le novembre. Après heures de débats houleux, le gouvernement conservateur de la Première ministre britannique Theresa May lui donne son accord pour qu’elle signe cet accord. Deuxième succès, au passage, pour Michel Barnier. Le troisième obstacle, du coup, a été franchi sans délai et assez vite ce dimanche : l’UE et le Royaume Uni, réunis à Bruxelles, ont validé et paraphé cet accord.
Mais rien, en fait, n’est encore définitif car l’obstacle le plus difficile n’est pas encore franchi : l’examen de l’accord par le Parlement britannique. Il le fera trois jours durant, les , et décembre. On sait d’ores et déjà que les échanges y seront plus que vifs et que l’issue est incertaine car l’opposition travailliste votera contre et la majorité est fissurée : plus de parlementaires conservateurs ont fait savoir qu’ils ne soutiendraient pas le projet. Un quitte ou double car, pour Bruxelles, le texte négocié est à prendre ou à laisser. Bref, un accord – dans lequel des points restent d’ailleurs à négocier (sur la pêche dans les eaux territoriales britanniques ou sur Gibraltar) – ou le chaos. Espérons qu’il n’en sera rien et que le moindre mal l’emportera. Oui, le moindre mal car le pire est arrivé avec ce divorce. Il restera comme une tache noire dans l’histoire européenne depuis : pour la première fois, l’Union a reculé. Dimanche matin, d’ailleurs, les dirigeants européens, bien que soulagés, ne criaient pas victoire. Ils savent bien que cette rupture est une mauvaise nouvelle et qu’il devient urgent de relancer la construction européenne pour que les peuples, à nouveau, la soutiennent et qu’ils comprennent qu’elle leur offre le bien le plus inestimable : la paix.