« On ne nous donnera rien... »
Malgré un retour de sensations à Bordeaux, Hugo Bonneval n’a pas retrouvé le sourire. Il ne pense qu’à l’urgence de la situation comptable avant un match déjà capital contre Grenoble
Hugo Bonneval va mieux. C’est une évidence. Après un début de saison raté qui lui a valu quelques semaines de mise à l’écart, l’arrière international semble avoir retrouvé une bonne partie de ses sensations. Samedi, il a ainsi pris sa part de risques et de responsabilités (comme Patrice Collazo l’attend de ses joueurs confirmés) et traversé le terrain dès la 2e minute de jeu pour propulser le RCT en tête. Il a également réalisé un match plein par ailleurs. Mais son plaisir a été de courte durée et il n’en reste pas grand-chose aujourd’hui. Obnubilé par la situation comptable du club et cette nouvelle défaite à zéro point, pour un peu, il n’en aurait même pas parlé... Persuadé que la solution viendra plutôt d’un collectif à l’unisson.
Quel sentiment vous anime après cette nouvelle défaite ?
Vu la situation actuelle, à part la défaite et notre incapacité à prendre de points à l’extérieur, je ne sais pas. Tout le reste est anecdotique. Maintenant, il faut des points...
Il y a quand même du mieux au niveau du contenu ?
Bien sûr. On se fait plus de passes, on met peut-être un peu plus de volume de jeu. Mais à la sortie, il faut être pragmatique et tu ne prends pas de points.
Cela entame encore votre capital confiance ?
Non, du tout. On sait où l’on a péché. C’est notre manque de lucidité sur les sorties de camp. C’est le fait de produire du jeu, de mettre des points et derrière de reprendre la marée collectivement... On a du mal à défendre sur les premiers temps de jeu sans faire de faute et en fait à chaque fois qu’on met points ou points, derrière on cède à nouveau.
Vous aviez pourtant bien ouvert la voie avec ce bel essai d’entrée ?
Je ne vais pas vous dire que je ne suis pas content d’avoir marqué. Bien sûr que c’est plaisant de traverser comme ça. Je joue pour ça depuis toujours, j’aime jouer, je suis un joueur. Mais en grandissant et avec les années, je sais que quand c’est compliqué, parfois, il faut resserrer les vis et être capable de s’asseoir sur son plaisir personnel, comme celui de relancer tous les ballons parce qu’il faut qu’on soit tous à l’unisson...
Vous avez quand même le droit de recommencer...
Oui, bien sûr, si on m’en donne l’opportunité, je le referai tous les week-ends si je peux, mais ce n’est pas moi le chef... Je fais aussi ce qu’on me dit...
Votre début de saison a été compliqué. Comment l’avez vous vécu ?
Je ne lis pas la presse. Chacun fait son métier. Si on commence à lire tout ce que les gens écrivent sur les réseaux sociaux et dans la presse, on peut y passer sa vie. J’ai ma famille, mes enfants, j’ai autre chose à faire...
Patrice vous a écarté un moment de l’équipe. Que vous demandait-il de travailler en particulier ?
Mon été n’a pas été marrant, c’est vrai, mais en même temps, j’étais en Nouvelle-Zélande, pas au bagne. Alors oui, le fait ne pas jouer, ça fait mal, mais quand je suis rentré j’ai eu du mal à relancer la machine et je n’ai pas été bon. Patrice a alors instauré un turnover en me disant, droit dans les yeux, ce qu’il pensait et ce qu’il attendait. Il a eu cette honnêteté et au moins je sais où je veux aller...
Pourquoi pas jusqu’en coupe du monde ?
Je crois qu’il y a beaucoup d’étapes à valider avant de penser à quelque chose d’aussi gros et d’aussi beau. Je l’ai toujours dit et je le pense au fond de moi, c’est d’abord ce qu’il se passe en club qui permet de monter les échelons et c’est d’abord ici à Toulon que ça doit bien se passer...
Grenoble arrive. Un match capital pour le maintien ?
Il faut être honnête et respecter les adversaires et toutes les équipes. Il ont fait un très beau match au Racing. Ils sont comme nous dans une situation comptable délicate. Bien évidemment, on a conscience que c’est une équipe qui va arriver avec des certitudes après ce match au Racing. A nous d’essayer, encore dans la construction, d’avancer et de ne pas nous louper...
La pression de Mayol, c’est toujours un plus ?
Je ne sais pas pour les autres mais pour moi, c’est agréable parce que les gens te supportent et t’aident à te surpasser, même s’ils ne sont pas contents, ce qui est tout à fait normal. Si on va tous dans le même sens, je ne peux pas croire qu’on peut passer de quelque chose de bien l’année dernière à quelque chose de catastrophique cette année. Quand tu vois la composition d’équipe du RCT, tu as ou joueurs derrière qui ont sélections et qui sont ou on été champions du monde. On a des joueurs de qualité, tout est fait pour qu’on avance. Mais comptablement, même si quelque chose commence à prendre, on arrive fin novembre et on n’a toujours pas pris de points à l’extérieur. C’est ça qui fait mal...
Le groupe a l’air vraiment solidaire malgré les difficultés. Vous confirmez ?
J’espère, c’est la moindre des choses je crois. Bien sûr que c’est compliqué mais on est des privilégiés aussi. Je ne dis pas qu’il faut relativiser parce que c’est notre quotidien et on doit se sortir d’où on s’est mis. Je vais éviter de parler de l’arbitre ce week-end mais je me rends bien compte au fil des matches qu’on ne nous donnera rien. Il n’y a que nous. Quand tu n’as pas le bon rebond, la bonne décision... Il y a des cercles vertueux et d’autre vicieux. Je pense qu’on est dans un mauvais cercle en ce moment et pour essayer d’en sortir, cela ne passera que par nous...
‘‘ Il faut resserrer les vis ” ‘‘ On est dans un mauvais cercle ”