L’accès au port de Brégaillon libéré par les dockers
La Seyne Appuyé par les forces de l’ordre, le personnel du port de commerce de la rade a dégagé brusquement, hier après-midi, l’accès au terminal de fret tenu depuis six jours par les Gilets jaunes
Àvrai dire, quand les gilets jaunes ont commencé à bloquer Brégaillon jeudi soir dernier, pas grand monde n’imaginait que leur barrage tiendrait aussi longtemps. Et pour cause : le port de commerce de La Seyne connaît depuis peu un joli dynamisme qui rayonne dans la région, avec notamment trois bateaux hebdomadaires embarquant des marchandises en provenance et à destination de la Turquie. Sans compter qu’une fermeture de la zone signifiait que les dockers, dont une partie est payée à la tâche, allaient devoir docilement se résoudre à cesser de travailler en solidarité avec « la cause», sans qu’on leur donne la parole ni le choix. Pas forcément le genre de la maison…
Une poignée de blessés légers
Ceux-ci ont donc laissé monter leur exaspération pendant six jours – après avoir bloqué l’accès à La Seyne et échoué à trouver un compromis satisfaisant… – pour finalement laisser, hier, éclater leur colère. Et en milieu d’après-midi, après qu’un homme encagoulé s’en serait pris violemment, selon eux, à une des leurs, la rage du personnel portuaire a tout emporté. Les pneus, les palettes, les bidons, les chaînes et objets divers, utilisés pour monter une solide barricade de plusieurs mètres de haut. Avec deux énormes bulldozers, ils ont entrepris de balayer la place en un éclair. À 16 heures, l’entrée du terminal fret de Brégaillon était entièrement dégagée. Les choses ne se sont pas faites sans heurt. « On était à l’intérieur en train de nous organiser quand ils nous ont foncé dessus avec leurs engins » s’indigne Lionel, un Gilet jaune. «Il y avait des femmes, des jeunes, des personnes âgées mais rien ne les arrêtait », poursuit Andaline. Les manifestants de la première heure ont répliqué en jetant ce qui leur tombait sous la main. Et en quelques minutes, l’entrée de la zone industrialo-portuaire s’est transformée en véritable bataille rangée. C’est là que les forces de l’ordre ont chargé. Prévenues d’une tension entre les deux camps qui montait crescendo depuis plusieurs jours, les brigades d’intervention de la police sont arrivées à quatre fourgons. Grenades lacrymogènes et Flash-Ball ont rapidement dispersé les Gilets jaunes. Bilan des affrontements: une poignée de blessés légers et un énorme « hourra » de soulagement pour les dockers et le personnel portuaire ; deux personnes interpellées pour outrage et violence et un immense dépit d’avoir « perdu » un solide camp retranché du côté des Gilets jaunes. Les 150 routiers turcs, eux, dont certains avaient pu reprendre la route la veille, ne cachaient pas leur joie, courant à leurs camions comme si leur vie en dépendait. C’était peut-être le cas, d’ailleurs : depuis six jours, certains tâchaient de se nourrir avec quelques euros, ne comprenant pas pourquoi on les empêchait de sortir d’un port dans lequel leurs véhicules avaient été soudainement confinés.