DES POULES CONTRE LES DÉCHETS
« Un poulailler offert pour deux poules achetées ». L’expérimentation lancée par le Sittomat a déjà séduit plus de 2 000 familles varoises, visiblement sensibles à cette démarche écologique
Plus de foyers varois ont adopté des poules pour réduire le volume de leur poubelle. Une expérience conduite par le Sittomat, qui fournit le poulailler aux volontaires.
Allez, je vous mets une noire et une rousse, ça fait 30 euros les deux ». Ambiance de soldes sur le parking du Sittomat. On a rarement vu une telle affluence aux abords du centre de tri du Syndicat mixte intercommunal de transport et de traitement des ordures ménagères de l’aire toulonnaise. C’est un peu le « black friday » après l’heure. Sauf qu’on est mardi et qu’ici, on ne vend pas de fringues, mais plutôt des poules. Des rousses et des noires donc, mais aussi des bleues cendrées qu’on entend cocailler au loin. Garagiste à Saint-Mandrier, Yannick arbore la mine ravie du gars qui vient de faire des affaires. « Plutôt que de jeter, je préfère recycler », dit-il, en embarquant un carton rempli de quatre poules. On lui a remis son petit guide pratique, il ne lui reste plus qu’à récupérer le poulailler qui va avec…
« Retour à la terre »
Pour inciter les citoyens à réduire leurs déchets, le Sittomat a pondu une grande campagne d’expérimentation qui invite les familles le pouvant à recueillir des poules. Pour deux gallinacés achetés, le poulailler, d’une valeur de 150 euros, est donc offert. Originaires du Revest, Marie-Hélène et Jean-Pierre confient être
séduits par le « côté écolo » de la démarche et l’idée du « retour à la terre » : « Ça faisait un moment que ça nous trottait en tête, alors on s’est renseignés et on a décidé de venir chercher nos poules ». Mais d’autres semblent déjà bien informés. C’est le cas de Virginie et son père Joël, qui ont déjà « trois poules à la maison » et nous parlent, à leur tour, de «retour à l’enfance» avec les yeux qui brillent. Pour eux, « le plaisir
d’aller chercher les oeufs le matin » n’a pas de prix.
« Franche réussite »
Virginie a acheté une maison à Solliès-Pont il y a trois ans. «Ona la chance d’avoir un peu de jardin donc on en profite, raconte-t-elle. On s’est dit que c’était l’opportunité de passer à un échelon supérieur en venant chercher le poulailler ». Accompagnée par son père, Anne
aussi a déjà tenté l’expérience. « Malheureusement, des renards sont passés » par là. « Au moins, avec ce petit enclos, explique cette employée municipale toulonnaise, on va pouvoir enfermer les poules pour passer la nuit, et elles seront plus tranquilles ». Près d’une centaine de poulaillers ont été distribués lors de cette première journée. Du côté du Sittomat, on se félicite de cette « franche réussite ». Car, aujourd’hui, le Syndicat comptabilise déjà plus de 2 300 inscrits. De nouvelles sessions de distribution de poulaillers seront donc prochainement organisées.
Conscience écologique
« On se rend compte qu’il y a une vraie conscience écologique qui est en train d’émerger, en particulier chez les jeunes couples, constate Ingrid Penalva, membre du collectif Zéro déchet, qui a pris part à l’expérimentation. Mais quand on voit tout ce qu’on lit, tout ce qu’on entend sur la pollution, les perturbateurs endocriniens, ou quand on nous explique aussi que, dans 50 ans, il y aura plus de plastique que de poissons dans la mer, on comprend que de plus en plus de gens se disent qu’il y a vraiment quelque chose à faire. » Le Sittomat envisage d’ailleurs de mener une nouvelle expérience de lombricompostage pour toutes celles et ceux qui n’ont pas la chance d’avoir un jardin. 1. L’aire du Sittomat comprend 38 communes réparties sur la métropole TPM, la Communauté d’agglomération Sud Sainte-Baume, la Vallée du Gapeau et le Golfe de Saint-Tropez.