Les trains touristiques condamnés à rester en gare?
Faute de financement, et donc de maintenance, une interdiction de circulation sur la voie ferrée entre Carnoules et Gardanne est prononcée pour le 1er janvier. Les utilisateurs s’en émeuvent
Cette ligne est utilisée régulièrement, et est en très bon état, par rapport à d’autres lignes où circulent des trains touristiques… On ne peut pas imaginer qu’elle finisse à l’abandon l’an prochain…» Pour le président de l’ATTCV (association du train touristique du centre Var), Julien Vincent, le premier sentiment a été « la surprise », lorsqu’il a reçu il y a quelques jours un courrier de SNCF Réseau l’avisant de l’interdiction de circuler sur la voie de Carnoules à Gardanne, à compter du 1er janvier 2019, pour cause de « défaut de maintenance ». « Cette interdiction aurait pour conséquence l’arrêt de nos circulations régulières et du Vélorail à Pourcieux, mais aussi nous empêcherait à terme d’effectuer des circulations historiques sur réseau SNCF. Nous empêchant ainsi de poursuivre l’entretien du matériel historique qui nous est confié par SNCF Mobilité et SNCF Réseau», explique le président. « A terme, nous ne pourrions plus entretenir nos trains, et c’est tout un patrimoine ferroviaire qui s’en trouverait menacé ».
L’anticipation de l’association
La réaction de l’ATTCV ne s’est pas faite attendre. « Nous avons sollicité tous les élus du territoire pour leur signifier notre problème, et tous répondent présents pour nous soutenir », observe Julien Vincent. Une réunion est ainsi programmée la semaine prochaine à Brignoles, avec les représentants des structures concernées, les élus locaux, et SNCF Réseau. « Nous cherchons à savoir pourquoi précisément cette interdiction a été prononcée. Mais surtout, à trouver des solutions. D’abord pour pouvoir faire circuler des trains jusqu’au terme de notre convention, le 30 juin 2019, et ensuite pour la gestion de cette ligne à plus long terme ». Ayant anticipé que la ligne puisse perdre un jour son caractère stratégique, « l’ATTCV a commandé en août 2018 un audit de l’infrastructure qui a pour but de faire un état des lieux et de proposer un nouveau mode de maintenance pour cette ligne dans le cas où SNCF Réseau souhaiterait transférer cette compétence aux collectivités et à leurs exploitants. » L’idée de l’ATTCV ? « Nous envisageons le scénario d’une convention de transfert de gestion du domaine public ferroviaire vers une collectivité ou un groupement d’association. On peut imaginer que l’ATTCV gère la partie de Carnoules à SaintMaximin, le vélorail de Saint-Maximin à Trets-Rousset, tandis que le Musée Provençal des Transports urbains et régionaux (MPTUR) porte un projet de train touristique audelà, jusqu’à Gardanne ». Le président de l’ATTCV assure que « nous avons les moyens d’assurer la surveillance de l’infrastructure. Même si, évidemment, pour d’éventuels travaux et investissements, nous aurons nécessairement besoin du soutien financier des collectivités ». Plus dynamique que jamais, l’ATTCV a transporté plus de 150 000 voyageurs depuis sa création en 2003. Elle a reçu trois nouveaux trains cette année, et un quatrième est attendu avant la fin de l’année… Il serait regrettable qu’aucune solution ne soit trouvée, et qu’elle demeure bloquée sur cette triste voie de garage.