Isabelle, Christine, Claudine : pour leurs enfants et pour les autres
Elles sont trois et se connaissent via certaines structures associatives (ferme de zoothérapie, atelier de théâtre). Dans ce haut-Var où l’on est loin de tout, et surtout des services publics, Isabelle, Christine et Claudine savent l’importance du lien social. Elles ont rejoint le mouvement des Gilets jaunes séparément, ni le même jour, ni au même endroit. La connexion s’est faite le 1er décembre à Aups.
Stop à l’injustice fiscale et sociale
Isabelle habite Aups. «Je ne peux plus supporter l’injustice fiscale et sociale, dit cette sophrologue de 50 ans. Il y a trop d’écart entre les très riches et les très pauvres. Je suis inquiète pour l’avenir de mes enfants ». La Régussoise Christine en a eu marre de regarder les Gilets jaunes à la télé et les a rejoints le 1er décembre. « Mon mari a une bonne situation, mais parfois je fais la plonge dans un restaurant pour gagner mon propre argent », précise cette autre quinquagénaire. « Mon fils a bac+3, une licence d’informatique. Pendant un an et demi, il est resté à la maison sans trouver de travail. Il est parti à Nantes chez sa copine, il a trouvé un poste de chauffeurlivreur. Ma fille est vendeuse. Avec mon mari, on est obligé de les aider ». C’est aussi le cas de Claudine, 61 ans, infirmière psychiatrique à la retraite. « On me prend de la CSG alors que j’aide ma fille étudiante, ma fille aînée divorcée avec deux enfants qui ne peut pas assumer dès qu’elle a un pépin comme la machine qui tombe en panne. Mon fils handicapé s’en sort avec une pension de 900 € parce qu’il habite à Artignosc, comme moi, et que les loyers n’y sont pas chers. Je connais beaucoup de personnes âgées qui vivent avec des petites retraites de 800 € par mois. Ils me disent qu’heureusement leur maison leur appartient mais ils ont peur de l’avenir s’ils n’étaient plus capables d’habiter seuls ». Claudine va écrire sur le cahier de doléances de sa commune : « Je veux être le porte-parole de mes enfants et de ces gens-là ». Les trois femmes soulignent n’avoir jamais fait partie d’un parti politique ni s’être présentées à une élection. « On ne veut surtout pas être récupérées », répètent-elles d’une même voix.