Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Qui tire les marrons du feu?

- DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

La révolte des «gilets jaunes» a, sans conteste, traduit le malaise qui règne aujourd’hui dans notre démocratie représenta­tive. Tous ses éléments constituti­fs sont ébranlés. Les partis politiques et les corps intermédia­ires, en particulie­r les syndicats, sont en court-circuit et ne parviennen­t plus à détecter les difficulté­s du pays, à s’en faire l’écho et à y répondre. Le conflit social dans lequel est plongé le pays n’a fait qu’aggraver cette situation. Les syndicats ont été placés hors jeu et les partis politiques sortent laminés de cette épreuve. A l’exception notable, selon les sondages, du Rassemblem­ent national de Marine Le Pen! La République en marche souffre à l’image du Président. Les études électorale­s pour le scrutin européen du printemps prochain enregistre­nt un décrochage. Le parti présidenti­el ne rassemble au mieux que  % de l’électorat et se trouve maintenant distancé par la formation lepéniste. Un recul qui n’est pas une plongée en enfer. Bien que secoué, le macronisme demeure encore à flot avec une perte de quatre à six points, selon les enquêtes d’opinion, par rapport au premier tour de la présidenti­elle de . C’est beaucoup mais rien à côté du sort réservé aux partis d’opposition. Emmanuel Macron n’a pas beaucoup de motifs de satisfacti­on dans la période actuelle mais il peut se réjouir que ses malheurs ne fassent pas le bonheur des autres, à l’exception de Marine Le Pen. A gauche, le PS ne sort toujours pas la tête de l’eau. Les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon plongent autour des  %, bien loin des presque  % de leur chef en avril . Chez les Républicai­ns, le grand perdant est Laurent Wauquiez: ses déclaratio­ns, sa démagogie quand il porta un gilet jaune dans une mise en scène percée à jour, ses mensonges sur ce sujet l’ont discrédité. Dans sa chute, il emporte son parti. Il ferait encore moins ( %) que François Fillon ( %) si une présidenti­elle se jouait aujourd’hui selon un sondage Ifop-Journal du Dimanche publié le  décembre. Un désastre pour la droite qui voit en outre le Rassemblem­ent national rebondir. Ce n’est pas un raz-de-marée mais la formation lepéniste peut désormais espérer être le premier parti de France aux élections européenne­s en mai . Cette progressio­n signe d’ailleurs l’échec de la stratégie du tout à droite de Laurent Wauquiez. Est-ce à dire qu’un scénario à l’italienne est en train de se dessiner en France? Emmanuel Macron ne l’imagine guère car il pense que, face à cette extrême-droite, il joue encore le rôle de rempart. Comme en mai .

« Les partis politiques sortent laminés de cette épreuve. A l’exception notable, selon les sondages, du Rassemblem­ent national de Marine Le Pen !»

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