Des chercheurs niçois découvrent l’une des causes de la migraine
En levant le voile sur un mécanisme-clé dans la transmission héréditaire des maladies, une équipe de scientifiques azuréens met en évidence une nouvelle cible pour le traitement de la migraine
Il revient à peine du Japon, qu’il s’apprête à embarquer pour le Danemark, avant de se rendre à Oxford puis Cambridge. Depuis la publication de ses découvertes sur la migraine, tous les chercheurs qui dans le monde s’intéressent de près ou de loin à cette maladie neurologique invitent Guillaume Sandoz et son équipe de l’institut de biologie Valrose (iBV) à venir présenter leurs travaux. Un enthousiasme qui s’explique aisément : aucun traitement curatif, efficace sur le long terme, ne peut à ce jour être proposé aux 15 % de la population adulte touchée par la migraine.
Stimulation de l’activité électrique
Ces millions de personnes doivent supporter les assauts réguliers de céphalées parfois insupportables, avec cette sensation d’avoir dans la tête un coeur qui bat en permanence ; tous les stimuli, son, lumière, odeur leur parviennent de façon exacerbée et très désagréable (lire en encadré). « Les crises migraineuses sont liées, entre autres, à l’hyperexcitabilité électrique des neurones sensoriels (cellules nerveuses jouant un rôle dans la perception des stimuli, Ndlr) », résume Guillaume Sandoz. Sachant que l’activité électrique de ces neurones est contrôlée par des protéines génératrices de courant appelées canaux ioniques, son équipe s’est intéressée de près à ces canaux. Et c’est ainsi qu’elle a fait une découverte décisive. « On s’est aperçu que la migraine était induite par le dysfonctionnement d’un certain canal ionique, nommé TRESK, qui au lieu de freiner l’excitabilité électrique des neurones, la stimule. »
Dépôt d’un brevet
Un dysfonctionnement lié à des mutations génétiques. Ces travaux constituent une nouvelle piste de recherche pour l’élaboration d’antimigraineux ciblant ces canaux ioniques. Certains sont déjà testés dans le laboratoire niçois sur des modèles de souris et de rats migraineux. « Un brevet a été déposé », annonce Guillaume Sandoz. Brevet qui le prive de la possibilité de préciser la nature de ces médicaments potentiels. Il confie simplement que les laboratoires pharmaceutiques s’intéressent de près à ses découvertes. Et se réjouit que d’autres maladies pourraient en tirer bénéfice. «Nos travaux ont aussi permis de mettre en évidence un mécanisme inédit de transmission de maladies héréditaires, liées à des mutations génétiques, avec la formation à partir d’un seul gène de deux protéines dont l’une porte la fonction “poison” ! » Poison. Un terme qui résonne dans la tête des millions de migraineux qui n’aspirent qu’à une chose : qu’un antipoison vienne un jour les soulager de ces céphalées qui les épuisent autant physiquement que psychologiquement.