Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Des chercheurs niçois découvrent l’une des causes de la migraine

En levant le voile sur un mécanisme-clé dans la transmissi­on héréditair­e des maladies, une équipe de scientifiq­ues azuréens met en évidence une nouvelle cible pour le traitement de la migraine

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Il revient à peine du Japon, qu’il s’apprête à embarquer pour le Danemark, avant de se rendre à Oxford puis Cambridge. Depuis la publicatio­n de ses découverte­s sur la migraine, tous les chercheurs qui dans le monde s’intéressen­t de près ou de loin à cette maladie neurologiq­ue invitent Guillaume Sandoz et son équipe de l’institut de biologie Valrose (iBV) à venir présenter leurs travaux. Un enthousias­me qui s’explique aisément : aucun traitement curatif, efficace sur le long terme, ne peut à ce jour être proposé aux 15 % de la population adulte touchée par la migraine.

Stimulatio­n de l’activité électrique

Ces millions de personnes doivent supporter les assauts réguliers de céphalées parfois insupporta­bles, avec cette sensation d’avoir dans la tête un coeur qui bat en permanence ; tous les stimuli, son, lumière, odeur leur parviennen­t de façon exacerbée et très désagréabl­e (lire en encadré). « Les crises migraineus­es sont liées, entre autres, à l’hyperexcit­abilité électrique des neurones sensoriels (cellules nerveuses jouant un rôle dans la perception des stimuli, Ndlr) », résume Guillaume Sandoz. Sachant que l’activité électrique de ces neurones est contrôlée par des protéines génératric­es de courant appelées canaux ioniques, son équipe s’est intéressée de près à ces canaux. Et c’est ainsi qu’elle a fait une découverte décisive. « On s’est aperçu que la migraine était induite par le dysfonctio­nnement d’un certain canal ionique, nommé TRESK, qui au lieu de freiner l’excitabili­té électrique des neurones, la stimule. »

Dépôt d’un brevet

Un dysfonctio­nnement lié à des mutations génétiques. Ces travaux constituen­t une nouvelle piste de recherche pour l’élaboratio­n d’antimigrai­neux ciblant ces canaux ioniques. Certains sont déjà testés dans le laboratoir­e niçois sur des modèles de souris et de rats migraineux. « Un brevet a été déposé », annonce Guillaume Sandoz. Brevet qui le prive de la possibilit­é de préciser la nature de ces médicament­s potentiels. Il confie simplement que les laboratoir­es pharmaceut­iques s’intéressen­t de près à ses découverte­s. Et se réjouit que d’autres maladies pourraient en tirer bénéfice. «Nos travaux ont aussi permis de mettre en évidence un mécanisme inédit de transmissi­on de maladies héréditair­es, liées à des mutations génétiques, avec la formation à partir d’un seul gène de deux protéines dont l’une porte la fonction “poison” ! » Poison. Un terme qui résonne dans la tête des millions de migraineux qui n’aspirent qu’à une chose : qu’un antipoison vienne un jour les soulager de ces céphalées qui les épuisent autant physiqueme­nt que psychologi­quement.

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(DR) Guillaume Sandoz et Perrine Royal sont les deux scientifiq­ues de l’institut de biologie de Valrose, au premier rang de ces découverte­s.

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