Aux européennes, le grand rajeunissement

Dès les douze coups de minuit passés, dès le premier de l’an fêté, nous serons en campagne pour les européennes. Youpi? Non? Pas d’enthousiasme général? Aucune croix blanche sur votre calendrier à la date du  mai , jour du scrutin? En même temps, rien de surprenant. Malgré l’enjeu considérable, tous les cinq ans, l’abstention est massive:  % lors de la dernière élection. Les états-majors en ont bien conscience. A la remorque depuis un mois, du mouvement des « gilets jaunes », ils ne peuvent attaquer la campagne dans une position aussi fragilisée. Qu’un porte-parole, surgi de nulle part mais portant à merveille le gilet jaune, s’impose, et tous, pas seulement ceux classés dans le camp populiste, devraient caler leur campagne sur la sienne. De cela, les partis traditionnels ne veulent surtout pas! Que leur manque-t-il en priorité? Un programme? Une stratégie? Pas forcément. Leurs positions sur l’Europe sont déjà connues. Un affrontement classique entre ceux qui croient à une communauté de destin et ceux qui n’y croient pas. L’urgence, à ce stade, est de désigner la tête de liste. Ceux qui disent le contraire n’ont tout simplement pas encore trouvé la perle rare. Les écologistes, portés par les sondages, ont dégainé très tôt, avec Yannick Jadot. Nicolas Dupont-Aignan est, lui aussi, dans les starting-block. Les autres, tous les autres, craignent que la vague dégagiste, qu’ils ont souvent alimentée, ne les emporte dans un mouvement de ressac. Alors ils sortent de la manche, pour la première fois, la carte de la jeunesse. Ian Brossat,  ans, pour le PCF ; Manon Aubry,  ans cette semaine, avec La France insoumise ; Jordan Bardella,  ans, consacré en janvier, tête de liste RN. Tous plus jeunes, sans doute un hasard, qu’Emmanuel Macron. Un coup de marketing? Oui. Mais pas seulement. D’abord, ce choix – nouveaux visages, nouvelles idées, nouvelles pratiques – correspond à une aspiration profonde de l’électorat. Ensuite, ils ont chacun fait leurs preuves, soit dans l’associatif, soit dans le parti, soit dans la gestion locale. Enfin, au cas où le score était décevant, ils prendraient les coups à la place des vieux caciques. Que des avantages, donc. Les Républicains, les socialistes et La République en marche, vontils, eux aussi, passer en mode junior? Nous ne tarderons pas à le savoir.

« [Les] positions [des “gilets jaunes”] sur l’Europe sont déjà connues. »