Toujours plus d’agressions contre les sapeurs-pompiers
Trois fois plus d’agressions en dix ans : chaque année qui passe voit les sapeurs-pompiers de plus en plus exposés aux violences provoquées par les détresses sociales, les comportements individualistes ou les excès d’alcool et de drogues. Si ces violences restent relativement rares (2 813 pompiers agressés sur 4,7 millions d’interventions), leur hausse continue inquiète la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), qui réclame des mesures «fortes» de l’Etat pour mieux protéger ses quelque 147.000 troupes. Le nombre d’agressions déclarées par les sapeurs-pompiers en intervention a grimpé de 23% en 2017, après 17,6% en 2016, selon les derniers chiffres publiés, hier, par l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) du ministère de l’Intérieur. Et 2018 semble prendre le même chemin : le nombre d’agressions déclarées a notamment explosé à Paris et Marseille, où les pompiers sont militaires: +74 % pour ceux de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) et +68 % pour ceux du Bataillon de marins-pompiers de Marseille (BMPM).
« Pétages de plombs »
« Les hausses significatives de ces dernières années sont notamment le fait de personnes en détresse sociale, fortement alcoolisées ou sous l’emprise de stupéfiants », explique le capitaine Guillaume Fresse de la BSPP. « Ces hausses ne sont pas anodines. Elles reflètent ce que l’on perçoit dans les interventions à travers le territoire. On est moins respectés lors des opérations de secours, avec des gens insatisfaits, aux comportement de consommateurs, des réactions épidermiques très fortes », abonde Eric Florès, directeur de la communication de la FNSPF. Les agressions n’augmentent pas nécessairement dans les quartiers urbains sensibles « où on sait faire, on intervient si nécessaire avec des forces de l’ordre », ajoute-til. L’évolution, « elle est plus dans le reste du territoire, avec des comportements individualistes inadmissibles ». Les agresseurs sont soit les personnes qu’ils viennent secourir, soit leurs proches, soit des témoins qui passaient par là. « Des gens qui se rebellent ou veulent en découdre avec les pompiers et s’en prennent à eux physiquement ou verbalement », note le capitaine Fresse. Certains incidents ont eu lieu récemment avec des « gilets jaunes » qui tenaient des carrefours ou péages. En septembre dernier, pour la première fois depuis près de dix ans en France, un pompier est mort tué par la personne qu’il était venu secourir: un pompier de la BSPP de 27 ans, poignardé dans le Val-de-Marne.