« Une pétition est lancée pour que la justice aille jusqu’au bout »
Nadjwa el-Haïté, porte-parole de Dynamic Maroc
Elle se défend de faire du lobbying ou du communautarisme mais elle est décidée à se battre afin que tous les doutes soient levés et notamment sur les ADN à disposition de la justice. Adjointe au maire d’Evry, ancienne collaboratrice de Laurent Fabius, conseillère politique de Manuel Valls en 2011, Nadjwa el-Haïté est juriste. Elle collabore à un cabinet d’intelligence économique, soutient la pétition de Dynamic Maroc – qui compte actuellement plus de deux mille signataires – qui sera remise au président de la République, Emmanuel Macron, et à la ministre de la justice, Nicole Belloubet.
La pétition mise en ligne par Dynamic Maroc annonce : « L’affaire Omar Raddad, ce n’est pas fini. » Qu’attendezvousde cette démarche ? Dynamic Maroc est une association franco-marocaine qui lutte pour diverses causes. Je pense que le dossier d’Omar Raddad, rouvert grâce à Me Noachovitch, mérite notre attention. Cette affaire extrêmement médiatisée m’a marquée lorsque j’étais étudiante en droit. Je m’y suis toujours intéressée. J’ai toujours été une femme engagée et je n’ai pas eu trop de mal à convaincre Dynamic Maroc de défendre cette cause. Le but de l’association est autant de valoriser les talents franco-marocains que de se saisir de questions sociétales.
Qu’est-ce qui vous a convaincu que ce dossier n’était pas terminé malgré la condamnation d’Omar Raddad ?
J’ai des doutes. J’ai lu des livres à charge et à décharge. J’ai vu le film de Roschdy Zem. Je me suis fait ma propre opinion. En recoupant plusieurs informations, un certain nombre d’interrogations demeurent. Il faut se rappeler que le corps de Ghislaine Marchal a été incinéré rapidement, qu’un appareil photo a disparu ainsi que des affaires personnelles. Sans parler des erreurs de frappe du rapport du légiste et, plus récemment, en ce qui concerne les ADN.
Que souhaitez-vous obtenir ?
On réclame simplement, en tant que pétitionnaire, que la justice aille jusqu’au bout des choses, que les tests ADN soient faits et bien faits, qu’ils soient comparés. Puisque ces éléments scientifiques existent, et qu’ils sont nouveaux par rapport au moment où cet homme a été jugé devant une cour d’assises, à la justice d’aller au bout de la démarche. Jusqu’à présent, l’ADN d’Omar Raddad n’a jamais été trouvé sur place. Cette demande est une démarche citoyenne. Il n’y a pas de communautarisme. Nous considérons que la justice doit être la même pour tous.
Vous allez dans le sens d’une révision…
Effectivement. Dans l’esprit du grand public, Omar Raddad n’est pas coupable mais au sens de la justice, il a été condamné [le février par la cour d’assises des AlpesMaritimes, ndlr] à dix-huit ans de réclusion criminelle. Il a ensuite été partiellement gracié et libéré le septembre . Il n’a pas été innocenté. Seule une révision pourrait y contribuer et pour obtenir une telle décision, il est nécessaire de démontrer que des faits nouveaux existent. D’où l’importance d’analyser correctement les quatre ADN placés sous main de justice.