Ailante, belle mais nuisible
Flayosc Depuis deux ans la municipalité s’est lancée dans une lutte acharnée contre cet arbre invasif, toxique et dangereuse pour la biodiversité. Un combat de chaque jour, loin d’être gagné
Deux ans d’une lutte acharnée. À armes inégales. Les pesticides étant désormais interdits, c’est à l’aide de leurs débroussailleuses que les ouvriers communaux flayoscais se démènent face à l’ailante. Un arbre de bel aspect mais qui s’avère invasif, tenace et nuisible. On l’enlève. Il revient, drageonne ou se ressème. Fait de la résistance, rendant les opérations d’éradication répétitives, pour ne pas dire décourageantes. « On essaye de l’éradiquer sur la commune », explique Thierry Ménard, adjoint à l’environnement pour qui l’indésirable ailante est devenue un combat prioritaire. Cela, au long de discussions, il y a deux ans, avec le paysagiste Joël Besson et les pépiniéristes locaux Christian et Didier Vanlerberghe. « Le Var est sensible aux plantes invasives comme le mimosa, l’herbe de pampa, alias gynerium, etc. L’ailante ne sert à rien, n’a pas de place dans la chaîne alimentaire. Elle s’adapte à tous les sols, est opportuniste. Elle nuit à la
biodiversité. Il faudrait un programme global de lutte...» De fait, ce végétal d’origine asiatique empêche notamment la flore de se développer à ses côtés contribuant de facto à l’appauvrissement de la faune. Ainsi, la lutte s’est organisée à Flayosc. « Un îlot de résistance », sourit l’élu, en attendant un élan dracénien. « Car les graines peuvent faire des kilomètres, être transportées par les voitures. » Et ont des capacités germinatives très importantes. Obligation légale oblige depuis le 1er janvier 2017, la bataille se joue sans herbicides. Au corps à corps ! La partie est donc longue et incertaine pour l’adjoint et ses équipes. En ordre de bataille, ils appliquent le plan de marche.
« Encore cinq ou six ans »
« L’ailante est coupée systématiquement. On tente d’intervenir massivement en fin de printemps. » Mais le combat s’étale sur toute l’année. «C’est une plante avec des racines traçantes. Elle
drageonne et réapparaît dans le périmètre du pied mère. On essaye de couper lorsqu’il y a des montées de sève, afin de l’épuiser. Mais en sectionnant une plante, il peut y avoir dix rejets...» Seulement, les troupes dévolues à ce combat ont d’autres champs de batailles à et ne peuvent pas s’y consacrer tous les jours. Car la clé est bien là, dans la régularité des interventions. Il faut fatiguer l’adversaire jusqu’à l’épuisement. A Flayosc, la ligne de front se trouve au parking du Poustouron. Ici, l’ailante était reine, dominait son territoire. S’étalait de bas en haut, de long en large. Les agents municipaux sont passés par là. «Les premiers temps, des massifs repoussaient. Désormais, on sent qu’ils reviennent avec moins d’ardeur. » Optimiste, Thierry Ménard reste néanmoins pondéré. Gagner plusieurs batailles ne signifie pas remporter la guerre. « Ce n’est pas gagné... Il nous faudra encore cinq ou six ans. »