La Thaïlande se barricade pour affronter Pabuk
La tempête tropicale sévit sur le sud du pays, où des dizaines de milliers de touristes ont évacué. Au moins deux morts hier. Bloqué à Koh Samui, un journaliste de Nice-Matin témoigne
Lendemain de fêtes aux airs de douche froide pour la Thaïlande. Alors que la saison touristique bat son plein, la tempête tropicale Pabuk balaie depuis hier le sud du pays. Une première depuis trente ans en dehors de la mousson. Après les îles du golfe thaïlandais – Koh Samui, Koh Phangan et Koh Tao –, Pabuk devait atteindre dans la nuit d’hier à aujourd’hui les stations de Krabi et Phuket, non moins touristiques. Malgré une légère perte d’intensité, la tempête a généré hier des vagues de cinq mètres et des vents soufflant à 75 km/h. Les autorités thaïlandaises recensaient déjà deux morts, un touriste russe ayant bravé l’interdiction de nager, et un pêcheur emporté par une vague alors qu’il rentrait au port (un membre d’équipage est porté disparu). De nombreux touristes ont fui l’arrivée de Pabuk. D’après le chef du district de Koh Phangan, 30 000 à 50 000 personnes ont évacué depuis le Nouvel An. D’autres sont restés bloqués sur les îles, bon gré mal gré.
« On s’est éloignés de la mer. On a fait le choix de la sécurité. » Joint hier via WhatsApp, Sébastien Botella, 32 ans, journaliste-photographe à Nice-Matin, raconte de l’intérieur la tempête tropicale. Il fait partie d’un groupe de six Antibois en vacances à Koh Samui, après sa voisine Koh Phangan. Toutes les liaisons aériennes et maritimes
sont momentanément interrompues vers ces îles. Le groupe d’amis séjourne dans le quartier animé de Chaweng Beach lorsqu’ils apprennent l’approche de la tempête. Leurs chambres d’hôtel donnent directement sur la mer. « Quand on a appris que des vagues de cinq à sept mètres devaient arriver, on leur a demandé s’il était possible de monter au premier étage... Car on résidait au rez-de-chaussée. » Les pluies ont commencé à s’abattre sur Koh Samui jeudi matin. « Il y avait juste des drapeaux rouges interdisant la baignade, témoigne Sébastien. Ils avaient commencé à installer quelques sacs de sable, mais cela nous semblait assez sommaire ! » De quoi rendre les amis quelque peu « inquiets » - et leur entourage plus encore. «On ne sait jamais comment cela peut tourner. Le risque n’est pas à prendre à la légère... »
« Thaïlandais sereins, nous assez nerveux »
Sébastien Botella s’étonne de n’avoir reçu « aucune consigne de la part de l’hôtel. On n’a jamais réussi à obtenir d’informations correctes pour évaluer le risque ». L’expérience des locaux ? Un certain flegme ? Ou la volonté de ne pas faire fuir les touristes ? En tout cas, « ils étaient tout à fait sereins. Et nous, on était assez nerveux ! » Hier matin, le petit groupe a fait ses valises. Comme la plupart des touristes. « Depuis ce matin [hier], il pleut de manière continue, Ça s’est intensifié en début d’aprèsmidi. Il y a eu des pluies très intenses », relate Sébastien. Ce phénomène météo lui rappelle les intempéries de sinistre mémoire qu’il avait couvertes pour Nice-Matin, sur la Côte d’Azur, en octobre 2015. « C’est équivalent en intensité, mais beaucoup plus étalé dans le temps. Cela devrait durer encore jusqu’à demain. D’après les prévisions, le plus gros serait passé. » Désormais à l’abri, nos Azuréens sont « sereins ». Ils ont loué une villa en retrait du littoral. Ils y préparent la suite de leur voyage chamboulé, dans une Thaïlande où la tempête a éclipsé les fameuses fêtes de la pleine lune (full moon party). « C’était très festif jusqu’alors. Puis on a vu les touristes se ruer vers les supérettes pour acheter des vêtements de pluie, des provisions... Il y a nettement moins de monde à présent. »