Attaques de moutons : cet éleveur ne crie pas au loup... Salernes
Éleveur de chèvres et d’ovins, Dominique Denimal a déjà perdu des bêtes à cause du loup. Mais les trois décédées vendredi dernier seraient l’oeuvre de... chiens domestiqués
Vous voyez pourquoi je suis en colère ? À peine nés, ces agneaux ne sont plus...» Dominique Denimal est éleveur d’ovins depuis une trentaine d’années. Des bêtes, il en a eu et perdu un paquet. Innombrable. Mais lorsqu’il nous montre ses trois moutons retrouvés morts, vendredi matin, dans leur pâturage, à la sortie de Salernes, à deux pas des habitations, la crispation est palpable. Ses deux petits agneaux noirs d’une quinzaine de jours et sa jeune brebis blanche de deux ans gisent au sol. La scène est marquante. La brebis, blessée notamment à la croupe et aux jambes n’est pas morte sur le coup. « Elle a sorti la matrice avec le stress. Et je risque de perdre son agneau qui n’a que 15 jours. Il n’a plus sa mère, n’est plus allaité et ne prend pas le biberon. Il va se laisser mourir. C’est un double traumatisme. ». Ces trois décès-là sont ceux de trop. Dominique en a « ras le bol ». Dans ce genre de cas, le coupable semble tout trouvé : le loup. Trop facile. « Sur ce coup, ce n’est pas lui. Il prend à la gorge et mange les viscères. » Raté donc. Le berger est pourtant loin de porter l’un de ses pires ennemis dans son coeur, en témoigne l’autocollant anti-loup sur sa camionnette. Mais il ne souhaite pas accuser pour accuser.
« Je vis avec et pour mon troupeau »
Il cible alors le(s) fautif(s) de ce sordide événement. « Ce sont des chiens de maison. Ils ne sont pas forcément méchants. Ils sont même très gentils mais ils jouent et ça reste des chiens. Et ils s’amusent avec leurs dents... Des témoins les auraient entendus aboyer pendant deux heures. » Pas une première. Il relate que ces six derniers mois, « une vingtaine de bêtes ont été blessées ou tuées » par les canidés domestiqués. Accabler uniquement l’animal serait trop simple. Ces chiens de compagnie ont des maîtres. Probablement aussi coupables de négligences... «Il y a quelques semaines, mon troupeau a subi une attaque. J’ai vu les chiens et je suis allé voir le propriétaire. La première chose qu’il m’a demandée, c’était une preuve vidéo » ,raconte-t-il désabusé. Puis il précise : « Mon seul moyen de défense légal, c’est d’attraper le chien et de l’amener aux forces de l’ordre. » L’éleveur n’a pas toutes les cartes en main pour agir. Car il ne supporte plus ces attaques régulières. Il souhaiterait faire bouger les mentalités, responsabiliser les propriétaires de canidés. Comme eux aiment leur chien, lui aime ses quelque 300 ovins. Éleveur à l’ancienne, c’est un véritable amoureux de ses animaux. « C’est un art de vie. Je suis tombé dedans quand j’étais petit comme Obélix, explique Dominique, des frissons dans la voix. Je vis entre ma caravane et ma camionnette, je n’ai pas une vie de château. S’il n’y avait plus les aides de l’Europe, je serais SDF. Je vis avec et pour mon troupeau. Il fait partie