Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Il est temps de siffler la fin de la partie

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Un représenta­nt des forces de l’ordre quasiment lynché sur un pont de Paris, l’évacuation forcée du porte-parole du gouverneme­nt, Benjamin Griveaux, après qu’un poignée d’individus a défoncé la porte cochère du ministère à l’aide d’un engin de chantiers, une péniche-restaurant incendiée sur la Seine, des dizaines de voitures calcinées dans les rues, c’est trop. Ailleurs, l’attaque de la mairie de Rennes, des affronteme­nts à Toulouse ou à Avignon, la même violence a régné. Certes, les gilets jaunes voulaient démontrer qu’après les fêtes de fin d’année, ils étaient toujours là. La mobilisati­on, en effet, sans égaler celle des deux premiers samedi noirs du mouvement, a néanmoins été supérieure à celle de la semaine précédente. Mais rien n’autorise un groupe, minoritair­e,- ils étaient   dans toute la France avant-hier – à mettre à sac les ministères, ni à démolir les bâtiments publics des grandes villes, encore moins à s’en prendre aux symboles de la vie démocratiq­ue. On dira, ils diront euxmêmes, que tous les gilets jaunes ne sont pas des casseurs, qu’il y a parmi eux des jaunes plus violents que d’autres ; que certains, même, sont choqués par le comporteme­nt de leurs proches. Il n’empêche : les résultats sont là, navrants. Aucun pouvoir ne peut supporter que, chaque semaine, son autorité soit mise en cause. Il ne peut continuer de donner, chaque semaine, le sentiment de son impuissanc­e. Autant on peut comprendre des revendicat­ions de justice fiscale et sociale que les dirigeants français n’ont pas voulu écouter depuis de longues années : on se rappelle que Jacques Chirac avait été élu, il y a vingt ans, sur le thème de la fracture sociale, que personne depuis ne s’est attaché à réduire. Autant il est impossible d’accepter le diktat d’un mouvement qui, désormais, entreprend d’abattre les institutio­ns. Changer la République en donnant aux Français un plus grand poids dans les décisions : oui. Abattre la République, non. Les partis politiques, de droite ou de gauche, qui soufflent sur les braises feraient bien d’y réfléchir : si la démocratie est menacée, ils le sont également, au premier chef.

« Les partis politiques, de droite ou de gauche, qui soufflent sur les braises feraient bien d’y réfléchir. »

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