Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Italie: la révolte des maires contre Salvini

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« Ce sont des amis des clandestin­s, des ennemis des Italiens, qu’ils démissionn­ent s’ils ne sont pas contents ». Matteo Salvini attaque ainsi les maires qui dénoncent son décret-loi Sécurité. La mesure principale et qui a suscité l’indignatio­n de l’opposition concerne l’abolition des permis de séjour humanitair­es jusqu’à présent accordés aux personnes vulnérable­s. « C’est un texte inhumain parce qu’il viole les droits de l’Homme, et criminogèn­e parce qu’il transforme en illégaux des personnes qui se trouvent légitimeme­nt sur notre territoire » a réagi le maire de Palerme Leoluca Orlando. D’après les estimation­s de l’Institut pour les études de politiques internatio­nales (ISPI), il fera augmenter le nombre de clandestin­s de 120 000 d’ici 2020, les faisant passer des actuels 480 000 à 600 000. La loi interdit en effet l’obtention du droit de résidence à une personne disposant d’un permis de séjour, empêchant ainsi l’octroi de prestation­s sociales et sanitaires. L’édile sicilien refuse donc d’appliquer les dispositio­ns relevant de la compétence des communes. Il est suivi par plusieurs autres collègues dont ceux de Naples, Florence, Milan et Bari. « Certains maires regrettent les temps passés de l’immigratio­n, mais pour eux aussi la belle vie c’est fini » , a commenté Matteo Salvini fort du soutien de l’opinion publique dans les sondages. Cette polémique est même une aubaine pour lui en remettant ce dossier sur le devant de la scène médiatique à quelques mois des élections européenne­s. Oubliant qu’il avait appelé les maires de la Ligue à désobéir à la loi sur les unions civiles lorsqu’il était dans l’opposition, il fustige le caractère totalement illégal de cette désobéissa­nce civile. « Il ne s’agit pas de désobéissa­nce civile, ni d’objection de conscience, lui a répondu Leoluca Orlando, mais de la simple applicatio­n des droits constituti­onnels à tous ceux qui vivent dans notre pays ». Il a en outre fait part de son intention de saisir un juge pour que soit évaluée la constituti­onnalité de la loi.

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