Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Tout ça, pour ça...

Même s’il a démontré tout son courage et sa solidarité, le RCT a encore affiché trop dans l’arène francilien­ne pour espérer mieux. La sixième place s’éloigne encore

- PHILIPPE BERSIA

L’Arena ? « Un bel endroit pour mourir » ironisait Mourad Boudjellal dans la semaine... Et bien non, après avoir été humilié à Toulouse, le RCT n’a pas définitive­ment sombré samedi dans le spectacula­ire vaisseau construit par Jacky Lorenzetti. Et même s’il se retrouve aujourd’hui largué, à 16 points de son objectif (la 6e place), il va continuer d’espérer. Au moins jusqu’à ce que les mathématiq­ues le condamnent définitive­ment à ne jouer plus que pour le maintien... Au rythme où il engrange des points, cela risque de ne pas tarder. Et c’est cette incapacité à aller chercher au moins un petit point de bonus en fin de match, le point de l’espoir, qui a rendu fou Patrice Collazo au coup de sifflet final, parfaiteme­nt conscient que l’objectif sera désormais très dur à atteindre.

Les murs ont grondé

« Ce qui est dit dans le vestiaire doit rester dans le vestiaire » a encore rappelé Mathieu Bastareaud en conférence de presse. Mais quand les murs grondent et que les portes tremblent sous les hurlements de Patrice Collazo, il n’y a même pas besoin d’y coller des oreilles pour comprendre toute la frustratio­n qu’a encore générée cet échec dans le camp rouge et noir. « On est forcément frustré, confirmait Mathieu Bastareaud sans dévoiler les reproches ciblés du coach. Autant on n’avait pas joué au rugby la semaine dernière contre Toulouse, autant on était venu ici pour se lâcher et prendre du plaisir. On a vu que ça a marché mais on se fait punir sur des sorties de camp mal négociées. C’est frustrant car ce sont des choses que l’on répète, que l’on rabâche même. Mais on n’a toujours pas compris. C’est dommage. Ce qui est positif, c’est que dans l’ensemble on n’a pas lâché. On ne s’est pas désunis. Même si on s’est fait breaker à plusieurs reprises, on a essayé de rattraper les coups. On s’est envoyé sur notre ligne et c’est plutôt positif. » Guilhem Guirado voulait également mettre en avant les valeurs du groupe : «cequi est rageant c’est qu’on ramène zéro point de ce déplacemen­t. Mais avec ces valeurs, on peut voyager sur tous les terrains du Top 14. Maintenant il faut des actes... » précisait le Catalan en pensant sans doute à des points. Raphaël Lakafia, qui répondait peut-être aussi un peu à un récent tweet de Bakkies Botha en passant, confirme qu’ils ne veulent rien lâcher : « On veut gagner le respect sur le terrain ! » expliquait-il à la sortie, lui aussi terribleme­nt déçu, notamment pour avoir rendu le dernier ballon d’attaque du RCT au Racing sur une mauvaise inspiratio­n. Ce n’est pas nous qui l’accableron­s. Car pour tout dire, il ne nous semble pas que ce RCT, qui affiche encore trop de lacunes à ce niveau, pouvait vraiment espérer mieux tant il a longtemps été maintenu sous l’éteignoir : « On avait décidé de se lâcher et d’envoyer du jeu. Mais nous n’avons pas eu beaucoup le ballon. On a beaucoup défendu. Quand on n’a pas le ballon au rugby, c’est un peu compliqué » reconnaiss­ait d’ailleurs facilement Mathieu Batareaud.

Si près, si loin...

Si près du but, ne manqueraie­nt que ces fameux détails qui font le rugby de haut niveau qu’évoquaient encore samedi soir Juan Martin Fernandez Lobbe, et si loin à la fois parce que la réalité du jour est bien plus cruelle. Le classement en atteste : aujourd’hui, le RCT n’est plus qu’un faire-valoir. Certes, les Toulonnais se sont battus comme des enragés jusqu’au bout du match. Mais ils ont aussi souvent paru surclassés par une équipe sûre de sa force et bourrée de talents. Combien de fois les Nakarawa, (un véritable phénomène), Vakatawa, Russel, Imhoff et autre Thomas ont déchiré le premier rideau varois? Beaucoup trop encore, surtout par rapport à la production encore minimalist­e du RCT... La faute sans doute au manque de confiance qui ne leur permet pas de se lâcher vraiment. Mais samedi, après 20 minutes de feu, ils ont souvent fait figure d’obscurs tâcherons face aux étoiles. Deux matches européens « pour du beurre » dont le premier samedi à Mayol face aux redoutable­s Écossais d’Edimbourg les attendent maintenant. Et si l’on en croit Basta, ils vont les jouer à fond : « Autant en profiter pour se lâcher et essayer d’arriver décomplexé­s pour les prochains matches de championna­t » annonce le capitaine toulonnais qui pense forcément déjà un peu à la 15e étape de son chemin de croix, et à la réception du Stade Français.

 ?? (Photo AFP) ?? Facundo Isa et les Toulonnais ont bien tenté d’arrêter les Racingmen. En vain.
(Photo AFP) Facundo Isa et les Toulonnais ont bien tenté d’arrêter les Racingmen. En vain.

Newspapers in French

Newspapers from France