La vidéo des violences sur l’A50
La dénonciation de violences policières se poursuit après la manifestation des Gilets jaunes du 5 janvier. Tandis que de leur côté, des policiers dénoncent un lynchage médiatique
Les tensions sont loin de retomber, après les heurts qui ont éclaté lors de la manifestation toulonnaise des Gilets jaunes samedi dernier à Toulon. Le fossé semble même se creuser entre des Gilets jaunes d’un côté, qui dénoncent violences policières et provocations inutiles ; et des policiers de terrain de l’autre, qui prennent la parole pour dénoncer le lynchage médiatique d’un officier, leur commandant Didier Andrieux. Son avocat a livré hier la vidéo d’un incident déjà décrit, mais dont on découvre les images (lire ci-dessous).
« Jamais vu un tel degré de violence »
Réagissant à ce qu’il estime être des violences et présent de bout en bout dans le cortège samedi dernier, Patrick Le Floch, 63 ans, dénonce l’usage que certains policiers ont fait de la force. De façon inappropriée et injustifiée, dit-il. «Depuis les années soixante-dix que je manifeste, j’ai fait des centaines de manifestations à Toulon, je n’ai jamais vu un tel degré de violence ». Ce constat l’a poussé à écrire au procureur de la République de Toulon, pour apporter son témoignage dans les enquêtes en cours. « À Toulon, c’est historique. Moi, je n’avais jamais vu de ma vie une grenade lacrymogène.» Bien qu’il ait parlé à plusieurs reprises avec les policiers tout au long du parcours, et même après les heurts, il estime que les forces de l’ordre «ont tapé comme des bêtes. On est sidéré par cette brutalité ».
« Un coup de tête… C’était irréel »
Un sentiment de sidération est aussi exprimé par Séverine Charpentier, ambulancière de 35 ans, qui a porté plainte pour un coup de tête reçu samedi vers 16h15 dans la rue Gimelli, près de la gare. « Peu de gens s’attendaient à une telle violence. Et encore moins à Toulon, témoigne-t-elle. Je ne m’attendais absolument pas à des violences, absolument pas à recevoir des gaz lacrymogènes. J’étais venue sans protection, sans lunettes.» Elle a reçu un coup de tête alors qu’elle protestait verbalement contre l’arrestation d’un homme, portant un gilet jaune. « Ils étaient quatre ou cinq policiers sur lui. Je me suis mise à crier », se remémore-telle. Aline, une collègue et amie qui était sur place, se pose en témoin. « Elle criait mais elle n’agressait personne. Elle a reçu un coup de tête. C’était irréel. Elle était sonnée, choquée. Elle est restée debout en pleurs, on l’a soutenue pour s’éloigner.» Dans la soirée de samedi, après être sortie des urgences, où a été dressé un certificat avec deux jours d’ITT, l’ambulancière a « regardé tous les réseaux sociaux ». Elle désigne comme son agresseur, le commandant Andrieux.
Plusieurs enquêtes
Sur des vidéos tournées par les Gilets jaunes, le commandant alors responsable des unités d’ordre public, est vu en train d’interpeller violemment des manifestants. Une enquête préliminaire, confiée à l’Inspection générale de la police nationale, a été ouverte sur de possibles violences policières. Tandis que deux informations judiciaires visent trois manifestants interpellés pour de possibles violences à l’encontre des policiers et/ou des dégradations.