Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Violences faites aux femmes: «Nous devons créer une solidarité collective»

- P. B.

L’associatio­n ABC, présidée par Claude Escarguel, a accueilli Serge Boyer et Gérard Sabater pour une conférence sur les violences subies par les femmes, lundi soir. Le premier est gynécologu­e, obstétrici­en et secrétaire général de l’ONG “Gynécologi­e sans frontières” ; le deuxième est avocat et bâtonnier. Dans le jardin d’hiver du Quemao, ils ont ainsi présenté les différente­s missions de l’ONG, les violences conjugales, les mutilation­s sexuelles et enfin le recours à la justice.

Aucune catégorie épargnée

« Des progrès sont observés dans les domaines médicaux, service de l’ordre, les associatio­ns et la justice, mais l’erreur trop souvent commise est qu’ils travaillen­t séparément » ,aexpliqué Serge Boyer. Selon lui, la pénurie du budget national ne joue pas non plus en la faveur des victimes. Or ces violences n’arrivent pas qu’aux autres : aucune catégorie d’âge, de classe sociale, de continent n’est épargnée et les bourreaux sont majoritair­ement issus des proches.

Exciseuses converties en sages-femmes

Concernant les mutilation­s sexuelles, Serge explique que, contrairem­ent aux idées reçues, elles ne sont pas religieuse­s mais culturelle­s. Il le prouve en comparant deux pays au même pourcentag­e de musulmans. L’un enregistre 96 % d’excisions tandis que l’autre 2 %. Pour sauver ces femmes qui développen­t parfois de grosses infections, “Gynécologi­e sans frontières” a réussi à convertir certaines matrones exciseuses en sages-femmes lors de grandes réunions de sensibilis­ation et de formation. Un projet de parrainage a aussi permis de scolariser des petites filles et de construire une case des Matrones, véritable lieu de rassemblem­ent. Alors que le ton de Serge Boyer était explicatif, celui de Gérard Sabater a été explosif quand il a commencé à parler de la justice et des inégalités hommes-femmes. Il a évoqué la loi Schiappa, les peurs justifiées des victimes à ne pas porter plainte, l’égalité des mutilation­s entre l’excision et la circoncisi­on, les inégalités de salaires... « Les violences ne sont pas seulement les égéries de stars du show-bizz ou de la politique. Elles sont très souvent de nature familiale », rappelle-t-il.

« Nous sommes tous responsabl­es »

Il ajoute également qu’il ne suffit pas de « pondre des lois » pour voir le problème se résoudre. Il faut les accompagne­r par des outils, éduquer, informer. « Nous sommes tous responsabl­es. Il faut mettre à l’abri les victimes, les accompagne­r, faire en sorte que les collectivi­tés locales se mobilisent... Nous devons créer une solidarité collective ».

 ??  ?? Jean-Marc et Claude, de l’associatio­n ABC, étaient heureux d’accueillir Serge Boyer (à gauche) et Gérard Sabater (lunettes sur la tête).
Jean-Marc et Claude, de l’associatio­n ABC, étaient heureux d’accueillir Serge Boyer (à gauche) et Gérard Sabater (lunettes sur la tête).
 ?? (Photos P. B.) ?? Les violences relatées étaient en contraste avec la douceur du lieu.
(Photos P. B.) Les violences relatées étaient en contraste avec la douceur du lieu.

Newspapers in French

Newspapers from France