« Cela faisait partie des choses de la vie »
« C’est une organisation bien en place. Les hôtesses aguichent et sont rémunérées au bouchon. Les gérants cautionnent. Une demi-douzaine de filles témoignent que les hôtesses pratiquent des fellations au vu et au su des gérants. » Au procès du décembre, la procureure requiert des peines de prison, dont du sursis, assorties d’amende pour les patrons. Côté défense, on oscille entre l’évocation d’un Toulon « que les moins de vingt ans n’ont pas connu » et la chronique de bars « où on sait très bien ce qu’on va faire ». Me Michel Mas replonge dans l’histoire du quartier « des hommes sans honneur, des femmes sans pudeur ». Pour elles, « il n’y avait pas le choix. Plus le marin boit, plus il dépense ». Ce sont « des femmes avec enfants, qui font face à des difficultés financières. Qui accompagnent leur enfant à l’école après leur nuit de travail ». Dans son sillage, Me Carole Lagardère estime que les surfacturations ont lieu « en toute conscience de la personne qui payait. Les clients étaient d’accord. Quand on est un homme et qu’on va dans ce type d’établissement, on sait très bien ce qu’on va y faire ». Défenseurs des gérants, ceux qui risquent le plus gros, Me Yves Haddad clame qu’il « n’est pas apporté la preuve d’instructions données pour de la prostitution, ni pour des surfacturations. Dans la gestion du quotidien, ces dames avaient carte blanche ». Le reste « fait partie des choses de la vie ». Chaque gérant a écopé de dix mois de prison, € d’amende et trois ans d’interdiction de gérer (pour proxénétisme et recel d’escroquerie). Trois femmes sont punies de six mois de prison (escroquerie) et six mois avec sursis pour la quatrième barmaid, moins impliquée.