Les frères Wajsbrot seraient les acheteurs du site Naval Group
Encore bien gardé, le secret vit ses dernières heures. Une société immobilière du duo lorrain Michel et Alain Wajsbrot, devrait prendre possession des 11 hectares à Gassin. A moins que...
Mais qui donc a acheté le site de Naval Group Gassin, plus communément appelé l’Usine des torpilles ? Lors de l’interview qu’il a accordé à Var-matin quelques jours après la signature de l’acte de vente et quelques jours avant Noël (notre édition du 22/12), le directeur de Naval Group Gassin, Damien Raby, expliquait que ces « investisseurs » avaient exigé une clause de confidentialité jusqu’au 31 décembre puis qu’ils se rapprocheraient des élus du Golfe « en début d’année » pour se présenter et expliquer leur projet. Qu’en est-il ? Au 8 janvier, les deux acheteurs (puisque Damien Raby a précisé qu’ils étaient deux), ne se sont toujours pas manifesté auprès des élus. On ne connait donc toujours pas officiellement leur identité. Au point que sauf surprise qui surviendrait aujourd’hui, le maire de Gassin, Anne-Marie Waniart, n’aura pas beaucoup d’informations officielles à dévoiler sur le sujet ce soir lors de ses voeux à la population.
Un duo lorrain
Néanmoins, selon notre enquête et différentes sources concordantes, il pourrait s’agir de Michel et Alain Wajsbrot, deux frères associés dans diverses sociétés spécialisées dans l’immobilier d’affaires et la création de centres commerciaux régionaux. Les deux hommes sont basés en Lorraine, à Metz où se situe le siège de leur société principale, Ferreol Immobilière. Alain Wajsbrot, âgé de 62 ans, est notamment à la tête de plus de 30 sociétés différentes. Pour leur projet de rachat du site de Naval Group à Gassin, les deux hommes auraient constitué une SCI baptisée SCI Gassin, et l’auraient dotée d’un capital de 6 millions d’euros. Les frères Wajsbrot faisaient effectivement partie de la short list établie par Naval Group au milieu de l’année dernière. Une short list où figuraient aussi Left Bank, la société SimVest, la Compagnie de Phalsbourg, la Financière immobilière bordelaise présidée par Michel Ohayon et la Foncière du Rond Point des frères Alain et Jean Madar. Michel et Alain Wajsbrot auront donc été les mieux disant, avec une offre proche des 50 M €, alors que l’estimation des Domaines s’élevait à 38,4 millions d’euros. Exit donc la candidature du milliardaire franco-libanais Iskandar Safa, ce qui constitue une surprise. Peut-être M. Safa s’est-il orienté vers d’autres projets d’investissement, lui qui a déjà racheté 12 des 15 villas Naval Group(1) situées au coeur du village de Saint-Tropez.
Quel projet ?
La grande question désormais va être de savoir ce que les acheteurs investisseurs comptent faire du site. On sait que pour au moins 8 ans ils vont en louer (pour environ 2 M€ annuels) une grande partie à Naval Group qui va donc y poursuivre, dans les mêmes conditions qu’aujourd’hui, le développement et l’assemblage de ses torpilles de top niveau mondial. Sur l’autre partie, constituée d’espaces vierges, de parkings et d’un grand bâtiment loué à la gendarmerie nationale, les acheteurs vont sans doute élaborer des projets qui pourront se concrétiser lors du départ des militaires puisque celui-ci est dans les tuyaux, avec un projet de déménagement à côté du Lycée du Golfe d’ici deux ans. Quel type de projet alors sur cette partie ? Peut-être un projet de création de bureaux, ou bien même de zone commerciale, les frères Wajsbrot étant spécialisés dans la création de vastes espaces aménagés pour l’installation de grandes enseignes et de restaurants, dont un projet actuellement en cours à La Ciotat, non sans difficultés (lire notre encadré ci-contre).
Et les élus locaux ?
En marge de ces informations et possibilités de développement, il reste à savoir maintenant quelle va être la position de la mairie de Gassin et de la Communauté de communes. Eux qui se seront battus becs et ongles, remuant ciel et terre, contre la vente à des investisseurs privés, vontils se résigner devant la vente et jeter l’éponge ? Ou bien vont-ils au contraire s’appuyant sur le couac des parcelles du Domaine public maritime un moment intégrées dans le projet de vente - l’attaquer et tenter de la faire invalider pour que tout le processus redémarre à zéro ? Ou qu’a minima Gassin ne soit pas exclue de son droit de priorité ? La réponse à ces questions est pour l’heure un mystère. Lors de leur dernière réunion, les maires de la Comcom n’ont pas pris de décision, ils attendent les analyses et conseils de leurs avocats spécialisés. Seul le maire de Cogolin, Marc-Etienne Lansade, n’est pas sur cette position et ne souhaite plus, en aucun cas, s’opposer à la vente. 1. A travers sa société de promotion immobilière Fimas, Iskandar Safa a acheté 51 % de la société Promosaga le jour même où cette dernière faisait, pour 17M €, l’acquisition de 12 des 15 villas de la Cité Mistral le 2/6/2014.