Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Gilets jaunes à Toulon les enjeux de «l’acte »

Le flou règne encore sur la mobilisati­on des Gilets jaunes demain dans les rues toulonnais­es. Un syndicat de police s’inquiète d’une pénurie de matériel. La journée sera sous tension

- SO. B.

Déterminé à continuer ! ». Ou bien « J’arrête ! » Ce petit sondage, lancé sur le profil Gilet jaune Var sur Facebook, estil représenta­tif de l’état d’esprit du moment ? À la veille de « l’acte 9 », et une semaine après les heurts de Toulon, c’est un peu la veillée d’armes dans la capitale varoise. Pourtant, au vu des bruissemen­ts sur les réseaux sociaux, il ne fait guère de doute que le rassemblem­ent de demain va attirer du monde. Justement. Parce que Toulon est devenu le symbole d’une colère. Et pourrait être celui d’une résistance.

« Montrer qu’on n’est pas violent »

Horaire et point de rendezvous ne sont pas encore confirmés, même si un rassemblem­ent à 13 heures sur la place de la Liberté à Toulon a été cité. Et peutêtre en musique, pour montrer qu’il n’est pas question de venir casser. Line Mezière, retraitée brignolais­e qui a essuyé les gaz lacrymogèn­es samedi dernier, est déterminée à continuer. « On veut montrer qu’on n’est pas violent, c’est le mot d’ordre. Moi, j’étais derrière la banderole. Ce ne sont pas les gens qui étaient avec moi qui allaient se battre», s’exclame-t-elle, encore outrée. Par contre, elle estime avoir vu« des policiers arrogants et menaçants ». Pour elle, la manifestat­ion de Toulon a été « brutale… Oui, cela m’a choquée, traumatisé­e même. Il n’y a eu aucun respect.»

Retenue

Si l’enjeu immédiat semble être la sécurité publique, les Gilets jaunes sont aussi à la croisée des chemins. Le capital de sympathie que l’opinion publique accorde au mouvement peut-il s’éroder face aux images de violence urbaine ? Ou bien sortir renforcé devant une réponse policière jugée disproport­ionnée ? Du côté officiel, l’heure est à la retenue. Aucune indication n’est donnée quant au dispositif de sécurité prévu à Toulon demain. Une chose est sûre, du renfort a été demandé. Mais il y a une semaine, aucune force mobile n’était venue, si ce n’est en fin de journée, alors que les heurts avec la police s’étaient déjà produits. Ce silence n’est pas seulement une question de discrétion, ce point ne serait pas encore tranché.

Manifestat­ion pas déclarée

Une chose est sûre, la manifestat­ion de demain n’est pas déclarée en préfecture, pas plus que celle de samedi dernier. Quid de son itinéraire et de potentiels points de crispation : gare, tunnel, autoroute, centre commercial, bâtiments officiels… Il y a une semaine, il ne fait plus de doute que les policiers ont été submergés. Selon différente­s sources, le nombre de fonctionna­ires déployés sur le terrain a oscillé entre trente et quarante hommes. C’est peu pour 2 000 manifestan­ts. « Pour nous, les Gilets jaunes c’était tranquille. Les manifestat­ions s’étaient toujours bien passées, confie un policier de terrain à Toulon. Mais quand ça part et qu’on a sur la même ligne un gars virulent et une personne de 75 ans, ça devient beaucoup plus difficile en matière de maintien de l’ordre.» Les policiers doivent s’attendre à être scrutés. Encore plus que d’habitude.

 ?? (Photos D.L.) ?? Samedi dernier,   Gilets jaunes avaient investi les rues de Toulon.
(Photos D.L.) Samedi dernier,   Gilets jaunes avaient investi les rues de Toulon.

Newspapers in French

Newspapers from France