Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Il n’y a rien qui vous choque ?

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C’est un signe des temps. Quatre ans après les attentats de janvier  à Paris, on s’autorise donc à lancer une collecte de fonds pour soutenir un individu filmé par toutes les télés de France en train de boxer des gendarmes. Que cette initiative soit couronnée de succès est affligeant. Que des politiques osent applaudir est inquiétant. Après le gilet jaune, objet du quotidien devenu symbole revendicat­if – limite révolution­naire –, voici venue la mode des cagnottes. Il n’y a pas si longtemps, on mettait la main à la poche pour un pot, un cadeau, un mariage ou des obsèques. Désormais, on cotise pour défendre des opinions, aussi contestabl­es soient-elles. Lundi, le sursaut républicai­n de Renaud Muselier a eu le mérite de remettre les pendules à l’heure. Là où les amis de l’ex-boxeur casseur de flics avaient réuni près de   € avant que Leetchi ne se décide enfin à mettre le holà, la collecte en faveur des forces de l’ordre initiée par le président de la Région Sud a largement dépassé le million d’euros. Rassurant. Doit-on se réjouir pour autant de cette nouvelle manière de montrer ses muscles à coups de clics rageurs et d’euros en ligne ? Pas sûr. Oubliant un peu vite que le vote demeure le premier instrument d’une démocratie, une partie des « gilets jaunes » s’est convaincue au fil des semaines que la violence est désormais la meilleure manière d’imposer ses vues. Hier héros de Charlie, du Bataclan ou de Trèbes, policiers et gendarmes sont devenus des ennemis contre lesquels on s’organise et on récolte de l’argent. Inadmissib­le. Nouveau mode d’expression, la cagnotte n’est plus réservée aux nobles causes. « Il n’y a rien qui vous choque ? », se sont écriés, hier, les sauveteurs en mer de Port-en-Bessin (Calvados), stupéfaits de constater qu’ils n’arrivaient pas à réunir plus de  € pour s’acheter une nouvelle vedette tandis que les amis de Christophe Dettinger en avaient récolté deux cents fois plus. Et dire qu’en cette période de grand n’importe quoi, on va devoir s’habituer à cette manie ridicule de la cagnotte ! Hier, on apprenait que des supporters de l’OCG Nice en lançaient une pour recruter un avant-centre et que ceux de l’OM faisaient de même pour financer le licencieme­nt de l’entraîneur du club, Rudi Garcia. Pendant ce temps, les dons aux associatio­ns caritative­s baissent à vue d’oeil. Cherchez l’erreur.

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