Le livre du jour Les petits soldats du narco trafic
Dans Les Minots, Romain Capdepon, chef de rubrique police-justice de La Provence, nous guide dans des banlieues transformées en forteresse par les barons de la drogue. La plume haletante, acérée, journalistique, plonge le lecteur dans l’enfer des stups. Un Gomorra sauce marseillaise qui entraîne des mineurs dans une chute sans fin. Les Minots se base sur un terrible fait divers : la mort de Jean-Michel, alias «Michou», un gamin de ans de la cité du Clos la Rose le novembre . Ce jour-là, Lenny, autre ado de ans, sera criblé de balles de fusil d’assaut. Ces petits soldats du narco trafic livrent d’abord les sandwichs aux dealers avant de grimper dans la hiérarchie. Finissant, parfois, avec une balle de kalach’ dans la tête, sur le sol de leur cité. Les « charbonneurs » (les vendeurs), les « choufs » (guetteurs), Romain Capdepon nous colle aux basques de la hiérarchie des réseaux de la drogue et offre à voir l’invisible. Seul un journaliste doté d’un solide réseau pouvait infiltrer ainsi, non sans risques, cet univers impitoyable des cités marseillaises. Plus qu’un livre-enquête, Les Minots fait oeuvre de salubrité publique. Car ce serait s’illusionner que de penser que ce phénomène est cantonné aux quartiers Nord de Marseille. Ces gamins perdus de la République, avalés, broyés par les narco trafiquants, on les retrouve à Nice, Paris ou Lille. Les Minots raconte le règne de la terreur underground, celle de ces familles exfiltrées discrètement des quartiers pour échapper aux règlements de compte. Le livre prend aux tripes. Il raconte aussi l’inégale lutte entre ces réseaux où l’argent coule à flots et la pauvreté des moyens alloués à la police. A lire, ou à dévorer.
GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr
Les Minots, une enquête à Marseille, aux éditions JC Lattès, pages, €. Le Sénat a fait rebondir l’affaire Benalla hier, en convoquant pour audition deux ministres, un proche d’Emmanuel Macron ainsi qu’Alexandre Benalla lui-même, dans le cadre de cette enquête qui se focalise désormais sur les passeports diplomatiques de l’ex-chargé de mission de l’Elysée. La Commission des lois du Sénat a convoqué le 16 janvier Patrick Strzoda, directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, suivi des ministres de l’Intérieur Christophe Castaner et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Puis lundi 21 janvier Alexandre Benalla à 14 h suivi de Vincent Crase, un ex-employé du parti présidentiel LREM, impliqué avec Alexandre Benalla dans des violences contre des manifestants le 1er-Mai à Paris. La commission du Sénat, présidée par Philippe Bas, s’était donnée six mois pour enquêter sur cette affaire. Les députés de la France insoumise avaient réclamé au président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand l’ouverture d’une nouvelle commission d’enquête sur Alexandre Benalla, hypothèse que la présidente LREM de la Commission des lois de l’Assemblée a écartée.