Var-Matin (La Seyne / Sanary)

 ans requis contre la « veuve noire de la Côte d’Azur »

La défense a demandé l’acquitteme­nt de l’accusée, au bénéfice du doute. Elle a été décrite comme cherchant à dépouiller de vieux messieurs aisés, pour vivre ses rêves sur la Côte d’azur

- G. D.

La cour d’assises des Bouches-du-Rhône a clos ses débats hier soir, dans le procès en appel contre Patricia Dagorn, 56 ans. L’avocat général a requis la même sanction que celle demandée en premier ressort devant les assises de Nice : trente ans de réclusion. Ce matin, la parole sera donnée en dernier à l’accusée, puis les jurés se retireront pour délibérer.

Deux morts... indétermin­ées

À la reprise des débats, la cour a pris connaissan­ce des conclusion­s du professeur de médecine légale auquel il a été demandé, a posteriori, de se prononcer sur les décès de Michel Knefel et Francesco Filippone. Le premier avait été retrouvé mort d’un oedème pulmonaire, le 21 juin 2011, dans la chambre qu’il partageait avec Patricia Dagorn dans un hôtel de Nice. Le second avait été retrouvé mort dans sa baignoire le 8 février 2011. Les analyses sanguines de Michel Knefel avaient révélé une alcoolémie de 1 g/l et une dose de Valium plus importante que la norme, mais trois fois moindre à la dose toxique. La combinaiso­n des deux avait pu entraîner une détresse respiratoi­re chez un homme cardiaque. Quant à Francesco Filippone, faute d’autopsie sur le moment, la mort ayant été considérée comme naturelle, le professeur n’a pu que confirmer que la mort pouvait avoir été tout autant toxique que naturelle.

Pas une vie facile

À l’évocation de ce qu’avait été la vie de Patricia Dagorn, la cour a pu vérifier ce qu’avaient noté le psychologu­e et le psychiatre. L’accusée a noyé l’assistance d’un flot de paroles, dans un discours confus et plein de digression­s. Placée très jeune dans une famille d’accueil en Bourgogne, elle a ensuite vécu sous la coupe d’un homme violent, qu’elle a cependant fini par épouser alors qu’il était incarcéré. Après leur séparation, elle a quitté le Gers avec sa valise, pour tenter de faire enfin sa vie sur la Côte d’Azur, la tête pleine de rêves où elle se voyait commerçant­e en bijoux. Les hommes, de préférence âgés et aisés, qu’elle a rencontrés par le biais d’agences matrimonia­les, devaient selon elle l’aider dans ce but.

Un portrait de serial killer

«Est-ce qu’elle se nourrit de ses phantasmes », a questionné Me Stéphanie Braganti pour les parties civiles. Elle a repris les conclusion­s sans nuance de l’expert psychiatre, évoquant «une Marie Besnard ou un Landru» , pour faire le portrait d’une femme manipulatr­ice et séductrice. « Une femme qui trouve jouissance à donner la mort ,a renchéri l’avocat général Mme Vautherin. Pourquoi administre­r du Valium à ces hommes? Pourquoi ne pas les avoir dépouillés en les laissant vivants ? Pour ne pas laisser de témoin qui puisse parler ? » En défense, Me Cédric Huissoud a plaidé l’acquitteme­nt en dissociant chaque affaire. «Le commandant de police vous a dit qu’il n’y a pas d’élément probant dans ces quatre affaires. Mais que comme il y a quatre dossiers, on peut retenir la responsabi­lité de Mme Dagorn comme coupable de tout. Il n’est pas question pour vous de lui faire un prix de gros. » Verdict ce matin.

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(Photo DR) Me Stéphanie Braganti a exprimé le point de vue des parties civiles.

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