Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Véronique Jacquier lève le mystère François Fillon La journalist­e raphaëlois­e l’a suivi depuis 2012 et jusqu’à la campagne présidenti­elle, embourbé dans les affaires. Elle révèle les contours parfois obscurs d’un personnage souvent méconnu

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C’est un livre qui lève une grande partie du mystère qui a toujours auréolé l’homme. Derrière l’image policée que François Fillon a bien voulu donner de lui-même, Véronique Jacquier dresse un portrait implacable, celui d’un homme « au tempéramen­t ombrageux et aux ambitions troubles », après l’avoir suivi depuis 2012 et en avoir extrait un livre, fruit de deux ans de travail. Première à sortir un ouvrage sur Fillon depuis la présidenti­elle, la journalist­e originaire de Saint-Raphaël (lire par ailleurs) décrit les contours d’une personnali­té énigmatiqu­e dans L’Homme qui ne voulait pas être président, dont la date de sortie est aujourd’hui même. « On ne peut rien comprendre des soubresaut­s de la campagne de 2017 sans s’arrêter sur les ressorts psychologi­ques » de l’homme, estil résumé en quatrième de couverture. C’est d’autant plus intéressan­t à quelques mois du procès Fillon – le parquet national financier ayant requis un procès devant le tribunal correction­nel, la semaine dernière.

Comment est née l’idée de ce livre ?

Il y a très longtemps que je voulais écrire sur Fillon. Car quand on le recevait à RMC, je trouvais que c’était un homme très secret. On se disait : comment peut-on vouloir faire de la politique en se « donnant » aussi peu... Je trouvais que c’était un personnage romanesque. J’ai eu ensuite l’opportunit­é de le suivre pendant sa campagne des législativ­es à Paris, en , puis Fillon.

pour la primaire de la droite. J’ai eu notamment l’occasion de déjeuner avec lui. C’était un homme assez précieux et je le voyais mal mettre les mains dans le cambouis, alors qu’il nourrissai­t déjà des ambitions pour la présidenti­elle. Puis est venue cette campagne mouvementé­e par les affaires... Je me demandais quel était le vrai du faux. Mais c’est après la victoire de Macron que je me suis dit qu’il méritait un livre !

À propos des affaires, est-ce un “complot” comme il s’en défend ou est-il victime de lui-même ?

Fillon disait que c’était la faute de la justice, des médias, du cabinet noir de François Hollande... Quand vous enquêtez, vous vous rendez compte que, finalement, ce sont ses défauts qui l’ont tué. Il s’est tué tout seul. Parce qu’il lui manque quelque chose, c’est le titre de mon ouvrage... Voulait-il vraiment être Président ? Non. Cependant, il n’y a pas eu pour moi de complot judiciaire, au sens où quelqu’un aurait fomenté à l’avance quelque chose. En revanche, c’est la première campagne présidenti­elle où l’on voit que les juges s’autorisent à mettre un candidat en examen, et même à enquêter très vite pour voir s’il y a matière. Les juges disent : “c’est normal puisque c’est un présidenti­able”. Clairement pour moi, on a voulu se payer un mec qui aurait pu être président de la République.

Fillon a-t-il fait preuve de naïveté, selon vous ?

Extrêmemen­t, oui. Il savait que Sarkozy avait des ennuis avec la justice, il espérait qu’il tombe à cause des juges. Mais pour lui, il ne voit rien venir... Il est persuadé qu’il est intouchabl­e. Que la justice ne va pas s’intéresser à lui parce qu’il est présidenti­able. Alors que c’est tout le contraire ! On a changé de monde...

Au départ, vous dites que vous étiez filloniste, et que vous enquêtiez plutôt sur qui l’a tué...

Exactement. Puis en parlant avec des collaborat­eurs, des proches et d’autres hommes politiques qui le côtoyaient, je me suis rendu compte qu’il ne voulait pas fondamenta­lement être Président. Mais plutôt « faire la

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(Photo Dylan Meiffret) Aujourd’hui sort L’homme qui ne voulait pas être président, le livre sur François

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