Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Wauquiez (LR) et Fauvergue (LREM) dans le Var ce jeudi

Devenu député LREM de la 8e circonscri­ption de Seine-et-Marne, l’ex-patron du RAID affiche une loyauté sans faille au chef de l’État. Sans oublier de défendre l’action des forces de l’ordre

- PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE-LOUIS PAGÈS plpages@varmatin.com

Invité par sa collègue parlementa­ire Émilie Guerel, Jean-Michel Fauvergue, celui qui a dirigé l’assaut contre les terroriste­s de l’Hyper Cacher et du Bataclan, participer­a ce soir à une conférence­débat sur la décurité du quotidien.

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Mardi, l’Assemblée nationale a adopté la loi dite « anticasseu­rs ». Qu’avez-vous voté ? Et pourquoi ?

Près de  députés ( exactement, Ndlr) ont voté pour cette loi et j’étais de ceux-là. Je ne me suis pas senti isolé, mais plutôt dans une ambiance où un certain nombre de députés, tous partis confondus, étaient favorables au fait que les manifestat­ions se déroulent avec le moins de violence possible. Favorables également au fait de protéger les manifestan­ts et leur droit à manifester pacifiquem­ent.

Pour rester dans le sujet, on a beaucoup parlé de violences policières ces derniers temps. Comment vous positionne­z-vous dans ce débat ?

Violences policières est un terme que je ne connais pas. Dans le cadre de manifestat­ion, en tout cas. Je préfère parler de riposte par rapport à des attaques. Pour être plus clair : s’il n’y avait pas d’attaque ou d’agression vis-à-vis des forces de l’ordre, il n’y aurait pas de riposte. Et donc pas d’usage des armes comme les gaz lacrymogèn­es, les lanceurs de balle de défense, etc. J’ajouterais qu’il n’y a pas d’égalité entre les protagonis­tes. On n’est pas dans un match de football. Les policiers et les gendarmes sont les seuls autorisés à utiliser une violence légale et légitime pour protéger les citoyens, les bâtiments et faire en sorte que la loi soit appliquée. Toutes les autres personnes en face d’eux, en particulie­r dans une manifestat­ion, n’ont pas ce droitlà. Le droit qu’elles ont, c’est le droit à manifester. Un droit démocratiq­ue à protéger. À chouchoute­r même. À condition que l’on en fasse usage sans violence, sans casser.

L’utilisatio­n des lanceurs de balle de défense (LBD) et autres grenades de désencercl­ement n’est donc pas discutable ?

Un premier avis du Conseil d’État a été rendu sur cette question-là. Les membres de ce Conseil, des personnes qui ont pour habitude de penser ce qu’elles disent, d’étudier les situations, de les peser, de les balancer, ont déclaré que l’utilisatio­n du LBD n’était pas illégitime. Après, que l’on réfléchiss­e à une meilleure formation des policiers et gendarmes pour éviter autant que faire se peut les blessures, je suis évidemment ouvert à la discussion. Mais ne nous voilons pas la face : quand on participe à une manifestat­ion, quand on est pris dans une manifestat­ion qui devient violente et armée, il y a des risques. Et c’est de la responsabi­lité individuel­le de chacun de quitter à temps ces manifestat­ions qui dégénèrent.

Vous-même il vous arrive de manifester. Ainsi, on vous a vu le  janvier dernier à Paris parmi les « foulards rouges ». Quelle était votre motivation ?

J’étais effectivem­ent dans une grande manifestat­ion dans laquelle il y avait des foulards rouges. Mais je n’en portais pas, pas plus que mon écharpe de parlementa­ire. J’ai participé à cette « marche républicai­ne et des libertés » en tant que citoyen et en tant que député pour bien faire voir que je suis libre de manifester et que ce droit de manifester, que nous défendons tous et que nous essayons de protéger, appartient à tout le monde. Avec une quinzaine de mes collègues députés, nous avons aussi marché contre la violence des manifestat­ions de ces dernières semaines et pour le droit de manifester sans violence.

Puisqu’on parle politique, il n’est pas facile en ce moment d’être député. Encore moins lorsqu’on appartient à la majorité présidenti­elle. Comment le vivez-vous ?

Rien n’est facile, mais le travail de député reste passionnan­t. Mais quelle que soit son appartenan­ce politique, je pense que le travail de député, de sénateur, d’élu, sera un travail de plus en plus dur. Pourquoi ? Parce qu’on est passé dans une société où les contestati­ons sont de plus en plus nombreuses. À l’inverse, il existe très peu de mouvements de constructi­on. À vrai dire, il n’y en a qu’un : La République en marche. Et c’est pour cette raison qu’on doit et qu’on va continuer les réformes Mais ces réformes vont s’enrichir des échanges en train de se mettre en place dans le cadre du Grand débat et qui feront sans doute fleurir un certain nombre de propositio­ns nouvelles, avec des participat­ions plus directes de la part de tous les gens qui sont responsabl­es et qui veulent faire avancer les choses.

Aucun regret donc d’avoir basculé dans la vie politique ?

Aucun. Après une carrière de policier (dont quatre ans comme chef du RAID), au cours de laquelle j’ai défendu à la fois la France et ses valeurs démocratiq­ues, comment voulezvous que je regrette d’être quasiment en première ligne en train de défendre à nouveau mon pays, d’essayer de le faire progresser, alors qu’il était verrouillé, enkysté et qu’enfin il se réveille de toutes parts.

Dans votre livre vous évoquez la solidarité que vous avez pu rencontrer au sein de la police. Retrouvez-vous cette solidarité dans la vie politique ?

(), Elle est différente bien sûr. Mais oui, la solidarité existe en politique. J’en ai fait l’expérience en particulie­r à l’occasion du vote de la loi « anticasseu­rs ». On a beaucoup parlé de ceux – une infime minorité – qui, chez nous, se sont abstenus de la voter, mais je peux vous affirmer que la grande majorité des députés LREM a constitué un groupe très soudé sur ce texte. Mais puisque vous évoquez mon livre, j’y parle aussi d’esprit d’équipe, ou de la nécessité d’avoir un chef et un programme. C’est quelque chose qu’on peut transmettr­e partout. Y compris en politique. Pour preuve, à La République en Marche, on a et un chef et un programme.

Vous êtes invité à La Seyne. La ville du Var s’enfonce inexorable­ment dans la violence. Son maire a beau réclamer depuis des mois des renforts de police, il n’est pas entendu. Une réaction ?

e Le trafic de drogue est le problème numéro  de notre pays et de beaucoup d’autres pays. C’est un vrai problème parce que dans les quartiers, et à La Seyne en particulie­r, un vrai contre modèle social s’est installé sur la drogue et sur le caïdat qui va avec. Et ce contre modèle social est en train de bouffer l’ensemble de la cité. On n’a plus le choix. On est dos au mur. Il va falloir qu’on réagisse très fort dans le cadre de la reconquête républicai­ne de ces quartiers-là. Cela implique de travailler au niveau judiciaire, mais pas que. Il va falloir travailler aussi avec l’ensemble des acteurs sociaux, des bailleurs sociaux et les municipali­tés. Grâce à l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, on va pouvoir rénover ces quartiers. Mais ensuite, une fois que le quartier sera assaini, il faudra tenir. C’est le rôle de la police de sécurité du quotidien lancée il y a un an (La Seyne ne fait pas encore partie du dispositif, Ndlr). Mais s’il le faut, pourquoi ne pas envisager de faire appel à de la sécurité privée ? Non pas pour intervenir, mais pour garder les lieux et prévenir les policiers. Comment mieux articuler police, gendarmeri­e, polices municipale­s et sécurité privée est d’ailleurs le sens du rapport que j’ai rédigé avec ma collègue Alice Thourot.

S’il n’y avait pas d’attaque, il n’y aurait pas de riposte”

1. Ce soir à partir de 19 h au casino Joa de La Seyne/Mer. 2. Patron du Raid - Face aux attentats terroriste­s, écrit en collaborat­ion avec Caroline de Juglart. Paru aux éditions Mareuil. L’auteur dédicacera son livre à la librairie Charlemagn­e (27 quai Gabriel Péri) de La Seyne, ce jeudi à partir de 17 h 45.

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