Wauquiez (LR) et Fauvergue (LREM) dans le Var ce jeudi
Devenu député LREM de la 8e circonscription de Seine-et-Marne, l’ex-patron du RAID affiche une loyauté sans faille au chef de l’État. Sans oublier de défendre l’action des forces de l’ordre
Invité par sa collègue parlementaire Émilie Guerel, Jean-Michel Fauvergue, celui qui a dirigé l’assaut contre les terroristes de l’Hyper Cacher et du Bataclan, participera ce soir à une conférencedébat sur la décurité du quotidien.
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Mardi, l’Assemblée nationale a adopté la loi dite « anticasseurs ». Qu’avez-vous voté ? Et pourquoi ?
Près de députés ( exactement, Ndlr) ont voté pour cette loi et j’étais de ceux-là. Je ne me suis pas senti isolé, mais plutôt dans une ambiance où un certain nombre de députés, tous partis confondus, étaient favorables au fait que les manifestations se déroulent avec le moins de violence possible. Favorables également au fait de protéger les manifestants et leur droit à manifester pacifiquement.
Pour rester dans le sujet, on a beaucoup parlé de violences policières ces derniers temps. Comment vous positionnez-vous dans ce débat ?
Violences policières est un terme que je ne connais pas. Dans le cadre de manifestation, en tout cas. Je préfère parler de riposte par rapport à des attaques. Pour être plus clair : s’il n’y avait pas d’attaque ou d’agression vis-à-vis des forces de l’ordre, il n’y aurait pas de riposte. Et donc pas d’usage des armes comme les gaz lacrymogènes, les lanceurs de balle de défense, etc. J’ajouterais qu’il n’y a pas d’égalité entre les protagonistes. On n’est pas dans un match de football. Les policiers et les gendarmes sont les seuls autorisés à utiliser une violence légale et légitime pour protéger les citoyens, les bâtiments et faire en sorte que la loi soit appliquée. Toutes les autres personnes en face d’eux, en particulier dans une manifestation, n’ont pas ce droitlà. Le droit qu’elles ont, c’est le droit à manifester. Un droit démocratique à protéger. À chouchouter même. À condition que l’on en fasse usage sans violence, sans casser.
L’utilisation des lanceurs de balle de défense (LBD) et autres grenades de désencerclement n’est donc pas discutable ?
Un premier avis du Conseil d’État a été rendu sur cette question-là. Les membres de ce Conseil, des personnes qui ont pour habitude de penser ce qu’elles disent, d’étudier les situations, de les peser, de les balancer, ont déclaré que l’utilisation du LBD n’était pas illégitime. Après, que l’on réfléchisse à une meilleure formation des policiers et gendarmes pour éviter autant que faire se peut les blessures, je suis évidemment ouvert à la discussion. Mais ne nous voilons pas la face : quand on participe à une manifestation, quand on est pris dans une manifestation qui devient violente et armée, il y a des risques. Et c’est de la responsabilité individuelle de chacun de quitter à temps ces manifestations qui dégénèrent.
Vous-même il vous arrive de manifester. Ainsi, on vous a vu le janvier dernier à Paris parmi les « foulards rouges ». Quelle était votre motivation ?
J’étais effectivement dans une grande manifestation dans laquelle il y avait des foulards rouges. Mais je n’en portais pas, pas plus que mon écharpe de parlementaire. J’ai participé à cette « marche républicaine et des libertés » en tant que citoyen et en tant que député pour bien faire voir que je suis libre de manifester et que ce droit de manifester, que nous défendons tous et que nous essayons de protéger, appartient à tout le monde. Avec une quinzaine de mes collègues députés, nous avons aussi marché contre la violence des manifestations de ces dernières semaines et pour le droit de manifester sans violence.
Puisqu’on parle politique, il n’est pas facile en ce moment d’être député. Encore moins lorsqu’on appartient à la majorité présidentielle. Comment le vivez-vous ?
Rien n’est facile, mais le travail de député reste passionnant. Mais quelle que soit son appartenance politique, je pense que le travail de député, de sénateur, d’élu, sera un travail de plus en plus dur. Pourquoi ? Parce qu’on est passé dans une société où les contestations sont de plus en plus nombreuses. À l’inverse, il existe très peu de mouvements de construction. À vrai dire, il n’y en a qu’un : La République en marche. Et c’est pour cette raison qu’on doit et qu’on va continuer les réformes Mais ces réformes vont s’enrichir des échanges en train de se mettre en place dans le cadre du Grand débat et qui feront sans doute fleurir un certain nombre de propositions nouvelles, avec des participations plus directes de la part de tous les gens qui sont responsables et qui veulent faire avancer les choses.
Aucun regret donc d’avoir basculé dans la vie politique ?
Aucun. Après une carrière de policier (dont quatre ans comme chef du RAID), au cours de laquelle j’ai défendu à la fois la France et ses valeurs démocratiques, comment voulezvous que je regrette d’être quasiment en première ligne en train de défendre à nouveau mon pays, d’essayer de le faire progresser, alors qu’il était verrouillé, enkysté et qu’enfin il se réveille de toutes parts.
Dans votre livre vous évoquez la solidarité que vous avez pu rencontrer au sein de la police. Retrouvez-vous cette solidarité dans la vie politique ?
(), Elle est différente bien sûr. Mais oui, la solidarité existe en politique. J’en ai fait l’expérience en particulier à l’occasion du vote de la loi « anticasseurs ». On a beaucoup parlé de ceux – une infime minorité – qui, chez nous, se sont abstenus de la voter, mais je peux vous affirmer que la grande majorité des députés LREM a constitué un groupe très soudé sur ce texte. Mais puisque vous évoquez mon livre, j’y parle aussi d’esprit d’équipe, ou de la nécessité d’avoir un chef et un programme. C’est quelque chose qu’on peut transmettre partout. Y compris en politique. Pour preuve, à La République en Marche, on a et un chef et un programme.
Vous êtes invité à La Seyne. La ville du Var s’enfonce inexorablement dans la violence. Son maire a beau réclamer depuis des mois des renforts de police, il n’est pas entendu. Une réaction ?
e Le trafic de drogue est le problème numéro de notre pays et de beaucoup d’autres pays. C’est un vrai problème parce que dans les quartiers, et à La Seyne en particulier, un vrai contre modèle social s’est installé sur la drogue et sur le caïdat qui va avec. Et ce contre modèle social est en train de bouffer l’ensemble de la cité. On n’a plus le choix. On est dos au mur. Il va falloir qu’on réagisse très fort dans le cadre de la reconquête républicaine de ces quartiers-là. Cela implique de travailler au niveau judiciaire, mais pas que. Il va falloir travailler aussi avec l’ensemble des acteurs sociaux, des bailleurs sociaux et les municipalités. Grâce à l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, on va pouvoir rénover ces quartiers. Mais ensuite, une fois que le quartier sera assaini, il faudra tenir. C’est le rôle de la police de sécurité du quotidien lancée il y a un an (La Seyne ne fait pas encore partie du dispositif, Ndlr). Mais s’il le faut, pourquoi ne pas envisager de faire appel à de la sécurité privée ? Non pas pour intervenir, mais pour garder les lieux et prévenir les policiers. Comment mieux articuler police, gendarmerie, polices municipales et sécurité privée est d’ailleurs le sens du rapport que j’ai rédigé avec ma collègue Alice Thourot.
S’il n’y avait pas d’attaque, il n’y aurait pas de riposte”
1. Ce soir à partir de 19 h au casino Joa de La Seyne/Mer. 2. Patron du Raid - Face aux attentats terroristes, écrit en collaboration avec Caroline de Juglart. Paru aux éditions Mareuil. L’auteur dédicacera son livre à la librairie Charlemagne (27 quai Gabriel Péri) de La Seyne, ce jeudi à partir de 17 h 45.