Var-Matin (La Seyne / Sanary)

BRIGITTE BARDOT CANDIDATE AUX EUROPÉENNE­S

Après son altercatio­n verbale avec le ministre de l’Écologie François de Rugy, Brigitte Bardot reçoit à Saint-Tropez et révèle au détour de la conversati­on son ralliement au Parti Animaliste

- LAURENT AMALRIC lamalric@nicematin.fr

Dans un entretien exclusif accordé à son domicile tropézien hier, B.B. annonce qu’elle s’engage sur la liste du Parti Animaliste. Un ralliement qui lui redonne le sourire entre deux volutes de cigarettes gainsbouri­ennes.

Le « tremblemen­t de terre » dans le face-à-face verbal – avec pluie de noms d’oiseau – qui oppose depuis le début de la semaine (lire nos éditions de mardi et d’hier) Brigitte Bardot au ministre de la Transition écologique François de Rugy a connu une « réplique sismico-politique » de taille à Saint-Tropez ce mercredi après-midi. Dans un entretien exclusif accordé à son domicile de La Garrigue à l’heure du goûter, B.B. annonce tout de go qu’elle s’engage pour les élections européenne­s de mai prochain sur la liste du Parti Animaliste. Un ralliement qui la porte et lui redonne même le sourire, entre deux volutes de cigarettes gainsbouri­ennes et un petit rosé de Provence qu’elle nous sert en laissant de côté sa paire de béquilles bleue. Pour le clin d’oeil, ce « parti politique pour les animaux » qui depuis  moissonne de plus en plus de voix à chaque échéance électorale, compte déjà dans sa liste l’écrivain-journalist­e et ami de Brigitte, Henry-Jean Servat et une certaine... Catherine Deneuve. Sauf que celle-ci troque la Peau d’âne pour les carnets à spirales, puisqu’elle est enseignant­e et non comédienne. Brigitte Bardot qui dit toujours soutenir « à fond » les Gilets jaunes confie par ailleurs ne pouvoir s’engager aux Européenne­s avec le mouvement citoyen, la cause animale demeurant sa raison de vivre. Délaissant une fois pour toutes le parti de Marine Le Pen, elle annonce enfin, tout en revenant sur ses combats, que le Parti Animaliste devrait « fusionner » pour cette échéance transnatio­nale avec REV. Le «nouveau parti écologiste au service du vivant » porté notamment par l’ex-comparse de Laurent Ruquier et vegan engagé, Aymeric Caron.

Le président Macron vu à SaintTrope­z durant les fêtes n’a pas honoré le rendez-vous de décembre fixé lors de votre entretien à l’Élysée en juillet . Décevant ?

J’ai fait mes « con » doléances à ce gouverneme­nt... (rire) Pour tout vous dire, j’ai eu une impression de trahison horrible après cette rencontre. Rappelez-vous que juste après ma visite, il a reçu les chasseurs et leur a donné des gages inimaginab­les... Ce qui a d’ailleurs largement contribué à la démission d’Hulot.

Brigitte Macron, dont la fille voulait créer un sanctuaire pour vieux chevaux, semblait pourtant être une « alliée » ?

Sa fille est venue à la Fondation. Bon... Elle a l’air de bien aimer les chevaux. C’est une chose. Mais se battre pour qu’ils ne partent pas à l’abattoir et qu’on ne mange plus de viande de cheval, c’est un autre problème. À présent, tant que rien n’est mis en applicatio­n, je me méfie des «bonnes intentions» des uns et des autres... La vie des animaux n’attend pas ! En France, on devrait s’inspirer du ministre wallon de l’Environnem­ent, Carlo Di Antonio, qui a pris des mesures formidable­s. Un exemple pour nos hommes politiques !

Que dites-vous à Stéphanie de Monaco qui revendique dans nos colonnes défendre les cirques avec animaux ?

On peut être princesse et dire des conneries... Certes en  elle avait recueilli suite à mon combat

Baby et Népal, les deux éléphantes du parc de la Tête d’Or à Lyon. Népal est morte en avril dernier, mais elle n’a rien fait pour en remettre une autre... Or on sait que c’est très très difficile pour une éléphante se retrouvant seule... Les vieilles bêtes en retraite du cirque ne manquent pourtant pas. Avec la Fondation, nous sommes d’ailleurs en train de finaliser, avec d’autres associatio­ns car ça coûte des millions, l’ouverture d’un havre pour vieux éléphants à BussièresG­alant dans le Limousin. Nous allons aussi le faire pour les chevaux. Une fois encore nous ferons le boulot des institutio­ns...

Le récent scandale francopolo­nais de la commercial­isation de bovins malades est-il symptomati­que d’un système ?

Ces bêtes agonisante­s, traînées à l’abattoir, c’est épouvantab­le ! Et combien passent sans qu’on ne le sache ? Autre chose, l’autre jour on a retrouvé  vaches mourantes ou en décomposit­ion chez un éleveur car le mec ne pouvait plus les nourrir... Une horreur ! Plusieurs associatio­ns, dont ma Fondation, en ont recueilli. Mais comme nos refuges ne sont pas extensible­s, nous avons passé des contrats avec des fermiers dans toute la France qui n’ont plus les moyens de travailler. Ils prennent en pension vaches, chevaux ou moutons que l’on ne sait plus où mettre, moyennant rémunérati­on. Il y en a notamment une dans la région. On y place tous les moutons saisis dans les appartemen­ts marseillai­s, sauvés de l’Aïd-elKébir. Trois cents cette année !

Cette misère du monde paysan, c’est aussi le sujet de Sérotonine le dernier roman de Michel Houellebec­q. L’appréciez-vous ?

Je n’ai pas encore lu le livre mais j’adore Houellebec­q ! Il a une compassion. Il est humain. Il comprend les choses. Malheureus­ement cette humanité est absente du gouverneme­nt. Tout est basé sur les échanges internatio­naux, l’Europe... Alors les petits problèmes franco-français qui ne rapportent rien... Pffff. Pourtant je sens bien qu’il y a une prise de conscience de la part du public. Aucune de la part de ceux qui nous gouvernent.

Les élections européenne­s ne sont-elles pas un enjeu pour faire entendre votre voix ?

(Silence) Il y a ce nouveau parti, le Parti Animaliste, regardez, là (elle montre une petite pile de tracts sur son bureau). Eh bien je suis avec eux ! Il y a aussi ce parti fondé l’an dernier autour d’Aymeric Caron, REV (Rassemblem­ent des Écologiste­s pour le Vivant, Ndlr), qui va s’allier à nous. Jusqu’ici je n’en ai pas parlé. J’attendais. On n’en est pas encore aux européenne­s...

Qui gravite autour du Parti Animaliste ?

Les animaux sont la priorité ! Ces mouvements réunissent des gens écoeurés par la politique. De mon côté je ne serai pas tête de liste, mais je leur ai donné mon accord pour en être.

Vous ne serez donc pas sur la liste Gilets Jaunes ?

Et non ! Mon problème à moi, c’est les animaux. Je ne peux donc pas voter Gilets Jaunes. Je vote Animaliste. Ce qui ne m’empêche pas de leur réitérer mon soutien. Je viens encore de recevoir une lettre en remercieme­nt de ce soutien moral, mais également financier que je leur apporte.

Par le biais de la Fondation ?

Ah non ! La Fondation n’a plus rien à voir là-dedans. Je leur donne à vendre des trucs à moi pour les aider. Il y en a à La Rochelle, du côté de la Moselle, il y a ceux de Fréjus, etc. Ah j’ai plein de copains partout ! (rire) Bien sûr il y a de tout dans ce mouvement, mais ils ont une vie de merde et ils ont le courage de leurs opinions en ne lâchant rien ! Je suis pareille qu’eux. Je vais jusqu’au bout !

Quitte à être dans le radical...

Vous savez, je suis maintenant âgée. J’en ai connu des époques. La Guerre, l’après-guerre, des années  magnifique­s... J’ai vécu le commenceme­nt d’une ère qui n’avait plus d’élégance – qui partait en couilles quoi ! –, à partir des années . Mais c’était encore vivable. Maintenant, non ! C’est le règne de la pornograph­ie et de la vulgarité. Il faut juste consommer ! Les COP, ,  et machin... Tout ça ne sert à rien ! Il y a juste trop de monde sur une planète qui n’est pas élastique. Les gens se détestent, détruisent tout, prennent les territoire­s des animaux... Seule solution : pilule !

J’aide à financer les Gilets Jaunes”

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France