Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La Cour des comptes pointe le dérapage du déficit de l’Etat

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La Cour des comptes a appelé, hier, l’exécutif à redresser « en profondeur » les finances publiques françaises, estimant que les mesures décidées face au mouvement des « gilets jaunes » avaient fortement « fragilisé » les perspectiv­es de dette et de déficit pour 2019. « Les perspectiv­es de finances publiques pour 2019 sont affectées d’une fragilité toute particuliè­re », met en garde dans son rapport annuel l’institutio­n financière, qui invite Bercy à revoir rapidement son scénario macroécono­mique. « Cette trajectoir­e devrait servir de base à un redresseme­nt en profondeur de nos finances publiques, plus que jamais nécessaire, les événements récents ayant démontré l’insuffisan­ce et la grande fragilité du redresseme­nt opéré jusqu’à présent », ajoute la Cour.

Les « gilets jaunes » en cause

Le gouverneme­nt avait à l’origine prévu un déficit public équivalant à 2,8 % du PIB pour 2019, en hausse de 0,2 point par rapport à celui attendu en 2018, en raison notamment de la transforma­tion du Crédit d’impôt pour la compétitiv­ité et l’emploi (CICE) en baisse de charges pérennes. Mais l’exécutif a décidé de relâcher la contrainte budgétaire en raison de la crise des « gilets jaunes », en annonçant mi-décembre une série de baisses d’impôts et de nouvelles dépenses, chiffrées à près de 11 milliards d’euros. Selon Bercy, le déficit devrait ainsi s’établir à 3,2 % du PIB en 2019, repassant pour la première fois depuis 2016 au-dessus des 3 % exigés par les traités européens. Le « déficit structurel », calculé sans les effets de la conjonctur­e, atteindrai­t lui 2,3 % du PIB, au lieu des 2 % prévus. « Ce scénario de finances publiques, préoccupan­t, est en outre affecté de multiples fragilités », souligne la Cour des comptes, qui fait état de deux éléments susceptibl­es de faire déraper un peu plus les comptes publics français.

Ralentisse­ment européen

Premier élément : l’absence de précisions sur les mesures d’économies que le gouverneme­nt entend mettre en oeuvre pour compenser une partie des annonces décidées en décembre, comme la hausse de la prime d’activité ou la défiscalis­ation des heures supplément­aires. Deuxième source d’incertitud­e : l’évolution de la conjonctur­e, marquée par une « dégradatio­n rapide de l’environnem­ent économique », notamment en Europe, avec le « ralentisse­ment plus fort que prévu de l’économie allemande ». Cette situation, aux yeux de la Cour, fait peser un risque “à la baisse” sur la croissance française, que le gouverneme­nt attend à 1,7 % cette année, contre 1,5 % pour le FMI ou pour la Banque de France.»

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