Var-Matin (La Seyne / Sanary)

A moi comptes deux maux

- PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

Depuis , depuis qu’ils sont accessible­s à tous, les rapports annuels de la Cour des comptes sonnent aux oreilles des Français comme autant de rappels à la sagesse budgétaire. Incroyable litanie ! Aussi longue qu’un roman russe (en plusieurs tomes) de toutes les gabegies et de tous les errements mégalomani­aques. Défilé boiteux ! Des mauvaises décisions, des erreurs de gestion qui se sont envenimées faute d’avoir été soignées à temps, des héritages historique­s mal liquidés : cette année, c’est au tour des salariés d’EDF d’être désignés comme les vilains petits canards. Un haut bûcher fait de tous nos impôts gaspillés, que le citoyen contribuab­le regarde s’élever en pleurant deux fois : la première fois, c’est de douleur, parce qu’il désespère de l’utilisatio­n de l’argent public. La seconde, c’est de fierté, de vivre dans un pays où la justice (administra­tive) a (encore) la liberté de tancer les politiques. A leur façon, ce sont des lanceurs d’alerte! Parce que « la société a le droit de demander compte à tout agent public de son administra­tion », ainsi que l’affirmait déjà la déclaratio­n des droits de l’homme et du citoyen en . Ce rapport annuel n’est pas un jugement. Il n’entraîne pas de sanctions. Il entraîne de simples recommanda­tions. La tentation est pourtant grande, depuis quelques années, de passer au cran supérieur, d’être un peu plus directifs dans les conclusion­s adressées au Président, au Gouverneme­nt et au Parlement. Évoquant les  milliards d’aides au pouvoir d’achat débloquées en fin d’année, les magistrats de la rue Cambon estiment ainsi qu’elles vont alourdir le déficit public du pays (voir ci-contre). Ils insistent lourdement sur l’impérieuse nécessité de trouver « des économies et des recettes supplément­aires ». « La réduction soutenue des déficits est impérative ». Analyse ou point de vue ?

Le débat est ancien. On peut comprendre l’insistance du rapporteur : un déficit qui enfle, une dette qui se creuse, c’est autant d’efforts imposés aux génération­s futures. Mais selon la répartitio­n des pouvoirs dans notre vieux pays, la Cour n’est pas le lieu où se fixe la politique budgétaire de la France. Les conseiller­s ne sont pas les payeurs. Ils ne sont pas, non plus, les décideurs.

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