Cette maison écolo a été bâtie en un temps record
Une maison « zéro émission », peu onéreuse et construite en moins de trois mois… C’est le principe de la « pop-up house ». Un propriétaire de Cogolin a accepté de nous ouvrir ses portes
Il a mis « moins de temps à construire la maison qu’à attendre l’installation de la ligne téléphonique » . Jérôme Sardy a bâti sa villa écolo en une dizaine de semaines à peine. Vite fait, bien fait. Et le résultat est plutôt surprenant. Lovée au beau milieu des vignes cogolinoises, sa maison de 100 m2 habitables ne passe pas inaperçue entre les maisons en pierre traditionnelles et les autres demeures bien bétonnées aux couleurs chaudes pastel qui composent le quartier. Bienvenue dans une « pop-up house ». Un concept assez simple, malgré un nom à émouvoir les hipsters californiens les plus branchés du moment. Concrètement ? Il s’agit d’une maison qui est particulièrement économique dans sa mise en oeuvre, grâce aux matériaux peu onéreux qu’elle utilise et son montage rapide.
Quinze jours pour monter la structure
Mais surtout, difficile de trouver plus économique en termes de consommation énergétique. « Regardez, éclaire Jérôme, documents à l’appui, ça ne consomme quasiment rien. » Les fiches énergétique et climatique de sa demeure ont effectivement hérité de deux jolis A (sachant que les classes vont de A à G). Avec 39 kWh/m2 d’énergie consommée par an, et 1 kg équivalent CO2/m2 d’émission de gaz à effet de serre, toujours à l’année, les experts ap- précieront. Dur, dur de faire mieux. Voire impossible. « Quand il fait -3 °C dehors la nuit, il fait encore 22 °C au réveil sans chauffage », témoigne Jérôme. Il faut dire que la maison est orientée plein sud et que les baies vitrées prennent presque plus de surface que les murs. La première pierre (ou plutôt l’un des premiers pieux sur lesquels reposent les poutres qui supportent la maison) a été posée en juillet 2016. Ensuite, les ouvriers ont mis deux jours pour le sol, deux jours pour les murs et deux jours pour les plafonds. « En quinze jours, résume Jérôme, la structure pop-up était faite. » L’avantage de ce système, c’est que le travail est déjà prémâché. L’ensemble du bâtiment (sol, murs, plafond) est en fait réalisé par assemblage de blocs isolants en polystyrène séparés par des lames de bois. « C’est génial, s’enthousiasme Jérôme. Les murs, c’est déjà de l’isolant. Il n’y a rien à rajouter. » Enfin, il a fallu un mois pour boucler l’électricité, la plomberie, le carrelage, le séchage de la chape. « L’utilisation de rails ou de tasseaux pour les finitions intérieures libère un espace suffisant pour le passage des gaines techniques. Le tout se fait très facilement » , rassurent les techniciens de Pop-up.
Une soixantaine en Paca
Jérôme (qui est promoteur immobilier !) a emménagé avec sa compagne une douzaine de semaines après le début de travaux. « Et encore, précise-t-il, on aurait pu habiter plus tôt dedans, au bout de deux mois. Ce qui est long – et cher – c’est surtout la finition. » « Le prix des matériaux de l’ossature représente entre 300 et 360€ TTC du mètre carré de surface de plancher » , détaille le fabricant. Pour une maison clé en main, il faut donc tabler sur un prix compris entre 1 500 et 2 000 du mètre carré (hors terrain). Des projets comme celui-ci, « il en existe plus de 300 en France, dont une soixantaine en région Paca », calcule Yves Lozachmeur, cofondateur et dirigeant du bureau d’études Pop-up, qui est basé à Aix-en-Provence. Force est de constater que le concept plaît de plus en plus. D’autres sociétés comme Espace Industrie proposent des « solutions de construction en bois sur mesure innovantes et design, avec la garantie d’une fabrication française respectueuse de l’environnement » . Après trois ans de vie dans ce nouvel écrin, le Cogolinois apprécie tout particulièrement « le confort thermique et acoustique » de sa maison. Il a certes installé une bonne ventilation, mais l’isolation fait une grande partie du boulot.
« On a encore trop la culture du béton »
Il regrette par ailleurs qu’en France, « on a encore trop la culture du béton, qui est très polluant. Regardez les chalets de montagne en bois : ils résistent très bien entre -40 °C et +40 °C. » « C’est une maison saine, pas humide du tout » , savoure-t-il en faisant le tour du jardin. Après, tous les délires architecturaux sont plus ou moins possibles. « Le particulier, avec son architecte, peut nous proposer ses propres plans, et nous les étudierons pour les adapter à notre concept », précise Yves Lozachmeur. Libre donc aux particuliers de faire appel à des artisans indépendants formés au système de construction pop-up. C’est ce qu’a fait Jérôme. Et il est « très satisfait » du résultat. La seule contrainte qu’il a dû respecter a été imposée par la mairie de Cogolin : « Ils nous ont obligés à rajouter un petit chapeau pour coller au décor. Ils ne voulaient pas de toit plat. »