Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Banquerout­e, fraudes… cols blancs à l’audience

Soustracti­on à l’impôt, imbricatio­ns de sociétés écrans après des liquidatio­ns judiciaire­s… Il y avait beaucoup d’absents devant le tribunal de Toulon qui traitait d’infraction­s financière­s

- SO. B.

Trois dossiers financiers, cinq prévenus. Mais un seul était présent dans la salle d’audience pour répondre aux juges. Lundi après-midi, une chambre collégiale du tribunal correction­nel de Toulon n’a pas eu la chance d’entendre les auteurs de banquerout­e, abus de biens sociaux ou soustracti­on frauduleus­e à l’impôt. Cela ne l’a pas empêché de prononcer des condamnati­ons significat­ives. Mais aussi une relaxe. Extraits d’audience.

« Les Bonnie and Clyde du port de Bormes »

Cette fois, il n’y avait personne. « Ils ont disparu dans la nature et ne veulent pas répondre de leurs actes », observe le tribunal. Ni Monsieur, ni Madame ne sont là pour répondre des soupçons de banquerout­e, d’abus de biens sociaux et de recel, commis en 2013 et de 2015 à 2017, à Bormes-les-Mimosas. Daniel K. mais plus encore AnneMarie R. ont géré, successive­ment, plusieurs sociétés qui avaient la particular­ité de graviter autour de leur restaurant de l’époque, Le Winch. On leur reproche, soit d’avoir « détourné des fonds au profit d’une autre de leurs sociétés », soit d’avoir « crédité directemen­t des sommes sur des comptes personnels, de façon régulière ».

Un restaurant en Suisse

La juge observe « la perméabili­té totale des entités, pour faire perdurer l’activité du restaurant, malgré des liquidatio­ns judiciaire­s prononcées ». Lorsqu’une société faisait faillite, une autre prenait le relais. « Ils ont créé des écrans patrimonia­ux assez détestable­s », estime l’avocat du liquidateu­r qui qualifie le couple de « Bonnie and Clyde du port de Bormes-les-Mimosas »– bien qu’aucune violence ne leur soit reprochée. Le ministère public estime que « Madame est le cerveau de cette affaire, capable de mettre en place un tel stratagème ». Et constate que, « à 69 ans, elle ne répond plus à son avocat, mais tient un restaurant d’altitude en Suisse ». Le tribunal a condamné AnneMarie R. à 18 mois de prison ferme et Daniel K. à huit mois ferme. Plus 50 000 euros d’amende et une interdicti­on de gérer pendant dix ans, pour chacun. Le liquidateu­r obtient le comblement du passif frauduleux : la coquette somme de 123 000 euros. Indemnité toute théorique. Dans cette petite entreprise, « un comptable existe quelque part, mais Les services fiscaux décrivent « la stratégie classique, de se mettre en

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