Alain Cavalier, le cinéma à l’état pur Interview
Le cinéaste a présenté aux spectateurs du Royal ses Six portraits XL, filmés seul avec une petite caméra à la main. A suivre aussi : les prochains rendez-vous et festivals du Royal
Il y a quelques jours, Alain Cavalier a livré « une vraie conversation, sans texte préparé », avec le metteur en scène Mohamed El Khatib, lors de leur spectacle au Liberté. Un exercice presque sans filet, qui rejoint la manière de filmer du cinéaste depuis 25 ans. Après avoir fait tourner les plus grands, de Romy Schneider à Alain Delon, reçu les plus prestigieuses récompenses (un prix du jury à Cannes et six Cesar pour Thérèse en 1986), Alain Cavalier promène désormais le plus souvent seul sa petite caméra du côté de la vraie vie. Il était le lendemain l’invité du cinéma Le Royal pour présenter au public ses Six portraits XL, d’un cordonnier, d’un boulanger, d’amis connus ou inconnus du grand public... Rencontre avec un cinéaste hors normes.
Comment captez-vous ces moments de vie, plus forts qu’un scénario écrit à l’avance ?
Il faut être là au moment où ça se passe. Donc, il faut bien connaître les personnes, aller souvent les voir, avec ou sans caméra. Et puis, un jour le hasard fait qu’ils font quelque chose, et la caméra l’enregistre bien. Et cela donne des choses, effectivement que l’on ne voit pas dans les films de fiction avec acteurs, parce que chaque être est particulier et réinvente la vie, à sa façon.
Vous êtes un réalisateur de l’intime. C’est ce qui vous fascine dans la vie des gens ?
Je trouve la vie tellement intéressante qu’en être le témoin et en garder une trace, c’est déjà énorme. A chaque fois que j’avais une grosse sensation de la vie, que je voulais la reproduire au cinéma, il fallait que je trouve des acteurs, de l’argent, un chef opérateur, un ingénieur du son, etc. etc. Et au moment où j’arrivais au tournage, je me disais, « mais à côté de ce que j’ai vécu, c’est rien, ce que je fais, là. L’acteur fait mal le geste que j’avais vu parfait ».
Le véritable acteur, c’est Léon le cordonnier, plus que Catherine Deneuve, que vous avez fait tourner ?
Catherine, elle fait le travail, c’està-dire, elle est amoureuse, elle crie, elle est joyeuse. Tandis que Léon, il est, tout court. Quand il bosse, il a des gestes
le février Cycle Paroles au cinéma le jeudi 28 février à 20h, avec Le jour se lève de Marcel Carné, film précédé d’une conférence de Pierre Gras, historien du cinéma et enseignant en économie du cinéma. «Parmi les chefs d’oeuvre créés par le tandem formé par le cinéaste Marcel Carné et le scénariste et dialoguiste Jacques Prévert, Le jour se lève est l’un des plus célèbres. » automatiques, il parle et ne pense pas trop à la caméra. Tandis que Catherine Deneuve, son métier, c’est quand même de vous offrir un visage impeccable, avec un sentiment bien dessiné, et elle sait ce que c’est que la caméra.
On vous voit peu dans les médias, à part dans la presse écrite. C’est important pour vous de rester invisible ?
Depuis ans, je ne fais pas de télévision. Ma bobine, je pense ■ Festival Amnesty international, et mars Deux soirees rencontresdebat dans le cadre du Festival au cinéma pour les droits humains d’Amnesty International. Jeudi 7 mars à 20h30, Lindy lou, jurée numero 2, documentaire de Laurent Vassault, 2018, en présence du réalisateur. Jeudi 14 mars à 20h30, Femmes du chaos vénézuélien, documentaire de Margarita Cadenas, que c’est pas le plus intéressant, d’abord, et puis comme elle est, les trois quarts du temps, mal filmée… Moi, mon problème, c’est de bien filmer les gens, donc je ne supporte pas d’être mal filmé, c’est normal. Mais les choses ont changé. Je fais de la radio. Maintenant les radios filment. Ces salopards ! La dernière fois, je le leur ai dit : « vous ne m’avez pas prévenu ». Et c’est pas très bien filmé. Enfin bref... le monde change, et c’est très bien !
Qu’est-ce que vous pensez du cinéma actuel ?
Je ne pense pas. Je suis là toujours pour parler avec les gens de mes films, mais pas du cinéma. Le cinéma n’existe pas. Ce qui existe, c’est les films, les gens qui voient les films dans les salles de cinéma.
Quels sont vos projets ?
2018, en présence de Geneviève Garrigos, responsable Région Amériques à Amnesty International France.
■ Fête du courtmétrage du au mars Mercredi 13 mars à 20h : soirée d’ouverture, Carte blanche au Festival de courts métrages Cinéma en liberté de Toulon, pour un programme de 3 courts métrages en avant séance.