Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Mobilisati­on en forte baisse à Toulon

Selon leur propre chiffre ou celui de la police – étonnammen­t proches –, les manifestan­ts étaient nettement moins nombreux, hier, à défiler à Toulon. Ce qui ne les empêche pas d’y croire encore

- VIRGINIE RABISSE

Le sondage a fait grand bruit en fin de semaine. L’enquête Elabe pour BFMTV indique en effet que 56 % des Français souhaitent désormais voir le mouvement des Gilets jaunes s’arrêter. Un résultat contesté et commenté de façon tapageuse par l’une des figures du mouvement. Maxime Nicolle rejette en effet la possibilit­é que le soutien aux Gilets jaunes diminue. « Fly Rider » – son pseudo – estime que la méthodolog­ie – la même pour la plupart de ces sondages –, qui consiste à interroger un millier de personnes, n’est pas satisfaisa­nte. Hier, alors que les Gilets jaunes varois – 700 au plus fort de la manifestat­ion, selon leur propre comptage ; 650 selon les chiffres de la police – se rassemblen­t sur la place de Liberté pour l’acte XIV de leur mobilisati­on, ce sondage, la plupart n’y croient pas non plus : « Sur mille personnes, ils ont déjà pris cinq cents députés ! », lance Aline. « Les sondages, on sait qui les fait », renchérit, un peu plus loin, Jean-Claude.

« La confiance est à zéro »

Michel, Marie-Aurore, Sylviane, Lionel, Isabelle, Franck, Alexis… Ils sont tous d’accord pour dire que les enquêtes d’opinion ne sont pas fiables. Bref, « la confiance est à zéro », assène Emmanuelle, brandissan­t sa pancarte « Je pense donc je gêne ». Alors que le cortège s’élance sur le boulevard de Strasbourg, vers le boulevard Clemenceau, puis l’avenue Franklin-Roosevelt, Franck l’assure : pour lui, le soutien, c’est sur le terrain qu’il se voit et là, selon lui, il est d’« au moins 80 % ». « Ça gagne », reprend Emmanuelle.

Contre le système

Ce n’est pas Isabelle, mère de quatre enfants et qui défile pour la première fois, qui dira le contraire. « Là, ce n’est plus possible ! Jusqu’ici j’avais peur, mais il fallait que je vienne. » « Vous voyez qu’il n’y a pas d’affaibliss­ement ! », en déduit Sylviane, Gilet jaune depuis plus longtemps. Plutôt que les clivages et la rupture entre les Français, elle préfère voir dans le mouvement de la fraternité, de « la solidarité retrouvée ». Lionel lui veut bien admettre que tous les Français ne sont pas derrière les Gilets jaunes. Pour preuve, assuret-il, son voisin ne lui parle plus. Pour autant, malgré l’inflexibil­ité du gouverneme­nt et une mobilisati­on en baisse depuis plusieurs week-ends – selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, ils étaient un peu plus de dix mille au niveau national –, ils continuent samedi après samedi de manifester à Toulon et dans de nombreuses villes de France. Toujours avec espoir ? « On ne serait pas là sinon », lance Emmanuelle. Alexis est un peu plus mitigé et explique désormais manifester surtout contre le système. « S’arrêter, c’est accepter ! » Alors, comme Michel, retraité, obligé de travailler à côté, avec sa pension de 660 euros mensuels, ils iront « jusqu’à la fin ». La fin de « cet ordre mondial ».

 ?? (Photos Laurent Martinat) ?? Un appel à manifester à Marseille, un autre à La Ciotat ou encore un blocage à Ollioules : si les Gilets jaunes étaient moins nombreux, hier à Toulon, c’est parce que, disent-ils, ils étaient mobilisés ailleurs.
(Photos Laurent Martinat) Un appel à manifester à Marseille, un autre à La Ciotat ou encore un blocage à Ollioules : si les Gilets jaunes étaient moins nombreux, hier à Toulon, c’est parce que, disent-ils, ils étaient mobilisés ailleurs.
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