L’habitat indigne, les SDF le Var et les oubliettes
À l’occasion d’une remise de médaille par la députée Émilie Guerel, le représentant varois de la Fondation Abbé Pierre a milité pour que la question du logement remonte sur le haut de la pile
Où parle-t-on de logement ? Où le logement est-il un sujet de premier plan ? À Marseille ? Où l’effondrement d’immeubles a jeté une lumière tragique sur des conditions de vie indignes. La Fondation Abbé Pierre (FAP), qui parle du sujet bien plus que d’autres, n’en démord pas. « Après le drame de la rue d’Aubagne, résultant d’une situation connue et dénoncée, interrogeons-nous. Les pauvres ontils vocation à mourir dans la rue ou dans les décombres d’un immeuble vétuste ?»
Il y a ans
C’est avec ces questions en tête que le représentant de la Fondation Abbé Pierre dans le Var est venu dans le bureau de la députée LREM Émilie Guérel à La Seyne. Et avec son pin’s rappelant l’appel de l’Abbé Pierre : « Mes amis, au secours ». C’était il y a 65 ans. Jean-Paul Jambon avait été invité pour recevoir la médaille de l’Assemblée nationale, distinction que la députée a remise à une vingtaine de Varois. Ici, elle exprime son soutien pour « une personne qui défend des causes auxquelles je suis sensible, explique la députée. C’est aussi la Fondation et Emmaüs de La Seyne que je salue ». Alors, comment va le logement dans le Var ? Les premières assises du logement social, organisées par la préfecture du Var en 2013, n’ont pas connu de deuxième édition. Et la tenue d’un comité local de l’habitat est vivement souhaitée. « Moi, je peux voir ce que je peux faire », répond Émilie Guérel, tout en faisant référence à la mission confiée par Matignon au député LREM Guillaume Vuilletet, autour de l’habitat indigne. « L’objectif est que ça passe aux oubliettes », lâche-t-elle, se faisant reprendre aimablement… « Déjà, la promesse de ne plus avoir de SDF dans la rue, on n’y arrive pas… », répond Jean-Paul Jambon avec un sourire.
Disparités
Où en est le Var, en matière d’habitat indigne ? Globalement dans la moyenne, résume Jean-Paul Jambon, qui insiste sur les grandes disparités territoriales. La métropole Toulon Provence Méditerranée (TPM) sort avec un taux de 5 % d’habitat indigne – ce sont des évaluations. Mais la Dracénie en est à 6,4 %, la zone Oui, le Var est «vraiment
par l’habitat indigne, est venu dire Jean-Paul Jambon. Provence Verdon culmine à 8,2 %, la Provence verte à 6,3 %. La Cavem (Fréjus, Saint-Raphaël) s’en sort mieux, avec 3,5 %.
Gilets jaunes, le paradoxe
La Fondation Abbé Pierre estime que « les petites communes sont facilement en porte à faux sur ce sujet. Car tout le monde se connaît. L’habitat indigne, c’est le voisin. Et son propriétaire aussi ». Paradoxe, « les Gilets jaunes ne parlent pas de logement. Alors que le coût des loyers, c’est la première marche du manque de pouvoir d’achat ». À regret, Émilie Guérel reconnaît que le logement « n’est pas, non plus, une thématique retenue dans le Grand débat ». La députée se montre compréhensive vis-à-vis des maires« qui n’ont plus de place pour faire du logement social ». Jean-Paul Jambon, Fondation Abbé Pierre dans le Var
Elle pose la question : « La loi SRU [qui impose 25 % de logements sociaux] est-elle adaptée à tous les territoires ? », citant en exemple Bandol, commune où le foncier est effectivement des plus exigu. Mais ce n’est pas le cas pour nombre de communes varoises qui ne construisent que très peu de logements sociaux… Tout en ouvrant largement les droits à bâtir.