Brigitte Bardot met le gilet jaune pour le Grand débat Fréjus
Hier après-midi, la star s’est invitée à la réunion organisée par les Gilets jaunes à Saint-Aygulf, renouvelant son soutien aux manifestants en les exhortant à ne « rien lâcher ! »
Le 8 février dernier, la première réunion fréjusienne du Grand débat national, initiée par Catherine Blanc, députée suppléante de la 5e circonscription du Var, avait rencontré un succès modéré. Hier, c’était au tour des Gilets jaunes locaux d’organiser leur propre Grand débat, cette fois avec un franc succès. Et même une incursion inattendue de Brigitte Bardot, survenue peu après le début des échanges (lire ci-dessous). La grande salle du Motel de SaintAygulf, d’ordinaire réservée aux mariages, grouillait de participants. Dans un brouhaha sans nom, des dizaines de Gilets jaunes s’affairaient dans les allées et entre les tables pour s’assurer de la bonne marche de leur événement. Cent vingt places avaient été prévues et, hormis quelques chaises restées vides çà et là, le débat a fait salle comble. Mieux, on pouvait percevoir un public rajeuni par rapport aux autres réunions du Grand débat. Avec un grand nombre d’actifs voire jeunes actifs et même quelques étudiants. « Nous avions pensé à organiser ça dans une salle municipale mais aucune n’était suffisamment grande pour accueillir cette réunion » ,explique Lily, l’une des organisatrices.
Tables vertes, rouges, blanches ou noires
Effectivement, il en fallait de la place. Car il ne s’agit pas là d’une réunion avec un orateur central, distribuant la parole à tour de rôle. Ici, une douzaine de tables rondes formaient autant de groupes de parole. Vertes, rouges, blanches ou noires, les nappes renseignaient sur le thème, l’un des quatre
prévus par le Grand débat national, qui était abordé au sein de telle ou telle tablée. Avec respectivement l’écologie, l’organisation de l’État et des services publics, la démocratie et la citoyenneté et enfin la fiscalité et les dépenses publiques. « Nous avons opté pour ce système de tables rondes parce qu’on a pensé que ce serait plus dynamique », souligne Lily. «Et puis, il faut bien le dire, nous voulions aussi avoir un débat différent sur la forme proposée par Macron ». Pourtant, et étrangement, les fiches de présentation des différents thèmes, mises à disposition par le gouvernement sur le site du Grand débat, se sont retrouvées
sur les tables de la réunion des Gilets jaunes. De même que les questionnaires afférents. Qu’importe, les participants n’ont pas moins fait leur petite popote de tout ce cadre protocolaire.
« Le réchauffement à ° est un scénario illusoire »
À l’une des tables portant sur l’écologie, des débatteurs raturent justement lesdits documents. « Ça commence mal, le formulaire explique qu’au rythme actuel des émissions de gaz à effet de serre, le seuil critique de 2 degrés de hausse de la température mondiale sera dépassé avant la fin du siècle… c’est faux. Ce scénario est illusoire. Le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat NDLR) parle pour sa part d’un scénario à 4 degrés. Si le gouvernement se base là-dessus pour conduire sa politique environnementale… C’est pas compliqué, on est foutus. – En outre, le débat écologique n’est pas une question française, elle est internationale. – Ce qu’il faudrait, c’est mettre tous les pays industrialisés autour de la table pour décider des solutions en matière de réchauffement climatique. Débattre de ça à l’échelle de la France, c’est de la connerie. » Plus loin, une autre table discours sur le thème démocratie et citoyenneté. Un homme, vêtu de son gilet jaune, prend la parole : « Je propose que le peuple joue le rôle de garde-fou vis-à-vis du président de la République. C’est quand même incroyable qu’il puisse décider seul d’aller en guerre par exemple. On pourrait imaginer un système de consultation continue des citoyens avec, si l’action du Président ne convient, la possibilité de le révoquer en cours de mandat. – Nous avons besoin de solutions pour mettre en place les solutions portées par les citoyens. C’est tout de même anormal qu’en France, on n’entende jamais parler de référendum. » Autre table, autre sujet : l’organisation de l’État. Cette fois-ci, le groupe a bien avancé et a déjà une liste concrète d’idées déjà couchée sur le papier.
« Des législatives pas après la présidentielle »
« Nous avons déjà conclu qu’il faut supprimer le Sénat et supprimer des couches administratives. L’important est de dégraisser, pas pour faire du moins d’État mais du mieux d’État. Ensuite, nous souhaitons une Assemblée nationale constituée à la proportionnelle et dont les élections n’auraient plus lieu tout de suite après la présidentielle, pour ne pas biaiser les résultats. » Enfin, une table noire pour le point noir. Celui qui a mis le feu aux poudres jaunes : la fiscalité. Là aussi, les participants ont des propositions déjà bien arrêtées. « Il est nécessaire de rétablir l’ISF. Mais avec des abattements lorsqu’on investit dans l’intérêt général. La recherche, la santé ou encore la création d’emploi. – L’idée n’est pas de tailler dans les impôts, ils sont nécessaires à notre modèle social. – Il faudrait harmoniser les salaires, la TVA et tous les impôts à l’échelle de l’Europe pour que l’UE fonctionne. – J’ai une formule : tous les revenus et bénéfices réalisés en France doivent être taxés en France. Quelle que soit la nationalité de la personne ou le siège de l’entreprise ». Dans un tumulte assourdissant des premiers échanges jusqu’à la fin, le débat des Gilets jaunes aura, deux heures durant, brassé nombre d’idées. Celles-ci seront traitées et prochainement mis au jour. Affaire à suivre dans une prochaine édition…