Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le djihadiste niçois Omar Diaby est libre

Surnommé « le gourou », le recruteur a quitté la prison syrienne où il était incarcéré depuis plus de six mois. Il aurait repris la tête de sa Brigade francophon­e

- EDITH BOUVIER, CÉLINE MARTELET

Le Niçois Omar Diaby, l’un des principaux recruteurs de djihadiste­s francophon­es, a été libéré, samedi, des geôles syriennes où il était incarcéré depuis le mois d’août dernier, au nord-ouest du pays. Celui que les services de renseignem­ent surnomment « le gourou », était aux mains du groupe djihadiste Tahir al-Cham. Selon nos informatio­ns, celui qui se fait appeler localement Omar Omsen a immédiatem­ent repris la tête d’un groupe de combattant­s francophon­es. Omar Diaby a ainsi retrouvé le camp qu’il avait lui-même installé il y a six ans sur une colline syrienne, à cinq kilomètres à vol d’oiseaux de la frontière turque. Le Niçois, originaire de l’Ariane et, aujourd’hui, âgé de 43 ans, va pouvoir y reprendre ses activités de propagande. Un discours qui séduit encore : selon des sources policières, une vingtaine de Français ont rejoint ou ont tenté de rejoindre la Syrie ces derniers mois, et la majorité d’entre eux était en contact avec Omar Diaby, qui n’a jamais rejoint l’Etat islamique mais s’est toujours réclamé d’al-Qaïda. A ce titre, il est activement recherché : la justice française a émis un mandat d’arrêt internatio­nal à son encontre, et les Etats-Unis ont inscrit le Franco-Sénégalais sur la liste noire des terroriste­s les plus recherchés depuis septembre 2016. Au nordouest du territoire syrien, où est installée la brigade du Niçois, la frontière reste, malgré la volonté affichée des autorités turques d’y remédier, excessivem­ent poreuse. Selon nos informatio­ns, depuis leur camp, les Français parviennen­t toujours à se faire envoyer depuis la France des colis contenant des vêtements, des chaussures pour les enfants, ou… des consoles de jeux.

Encore mineurs

Autour d’Omar Diaby, on recenserai­t aujourd’hui une quarantain­e d’adultes. Des hommes qui se définissen­t eux-mêmes comme des combattant­s, mais dont il est difficile de déterminer le rôle exact dans la région. Parmi ces hommes, certains étaient encore mineurs lorsqu’ils ont quitté leur quartier de SaintRoch à Nice, fin 2013, pour rejoindre le groupe d’Omar Diaby, qu’ils n’ont jamais quitté depuis. Christine (1), la mère de l’un d’eux, confie sa tristesse face à l’annonce de la libération du « gourou » : « Je suis tellement déçue qu’il soit à nouveau libre, c’est un gourou puissant qui nous a volé nos enfants, qui a brisé nos vies. Ils ne rentreront plus en France tant qu’il est encore là. Jamais je ne verrai mes petits-enfants nés là-bas. » Le sort de ces enfants, certains nés sur place, d’autres arrivés très jeunes, est l’un des sujets d’inquiétude liés à l’existence de cette brigade francophon­e. Inquiétude renforcée par le discours inquiétant tenu à leur propos par Omar Diaby en 2017 : « Ils sont éduqués comme le sont les enfants en France. Un futur footballeu­r, on le met dans un environnem­ent où son amour du ballon pourra se développer. Eh bien, ici, on leur offre des kalachniko­vs en plastique et des fausses grenades. »

Bien décidés à rester

Six ans après son installati­on en Syrie, la Brigade des francophon­es est désormais organisée comme un village. Les tentes précaires du début ont été remplacées par des maisons, chaque famille de combattant ayant construit la sienne. Preuve que ces Français sont bien décidés à rester sur place pour continuer leur djihad. Un danger qui ne se limite pas à la zone syrienne, comme le confirme Jean-Charles Brisard, président du Centre analyse du terrorisme et conseiller spécial du maire de Nice pour le terrorisme. Pour lui, Omar Diaby reste un cas à part : « Sa longévité est inédite, à la fois comme vecteur de propagande djihadiste et comme recruteur. La dangerosit­é qu’il représente est toujours bien réelle et d’actualité. De nombreux Niçois l’ont rejoint sur zone, ce qui fait qu’on ne peut pas écarter la menace pour la ville de Nice. » (Agence locale de presse) 1. Le prénom a été modifié.

Venezuela : semaine cruciale

Le Venezuela est entré, hier, dans une semaine sous haute tension, l’opposant Juan Guaido assurant que l’aide humanitair­e américaine entrera coûte que coûte samedi dans le pays, malgré le refus catégoriqu­e du président Nicolas Maduro. Juan Guaido s’attachait, hier, à organiser les manifestat­ions annoncées pour soutenir les volontaire­s qui se rendront en « caravanes » samedi aux frontières.

La Pologne annule sa venue en Israël

La Pologne a décidé d’annuler sa participat­ion à un sommet de pays d’Europe centrale en Israël qui débute aujourd’hui, à la suite des accusation­s d’antisémiti­sme lancées à son égard par le nouveau chef de la diplomatie israélienn­e, a annoncé, hier, le Premier ministre Mateusz Morawiecki.

Auto : Bruxelles prévient les USA

La Commission européenne a promis, hier, une réponse « rapide et adaptée » si les Etats-Unis concrétisa­ient leurs menaces de surtaxer les automobile­s européenne­s importées aux Etats-Unis.

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(Capture écran Twitter Romain Caillet) Omar Diaby, alias Omar Omsen, était l’un des principaux recruteurs de djihadiste­s francophon­es.

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