Les accusés dans l’arène de la justice
Neuf personnes, dont trois Varois, comparaissent depuis hier devant une cour d’assises spéciale pour un présumé trafic de stupéfiants entre les Caraïbes et l’aéroport de Saint-Tropez
Le procès Air Cocaïne s’est ouvert hier devant la cour d’assises spéciale (c’est-à-dire sans juré populaire) des Bouches-du-Rhône. Neuf accusés ont pris place dans une salle du palais Monclar, à Aix-en-Provence, qui affichait complet. Les accusés sont soupçonnés d’avoir participé à une « association de malfaiteurs » visant à mettre en place une filière d’importation intercontinentale de cocaïne. Avec une livraison suspecte de valises en décembre 2012, l’aéroport du golfe de Saint-Tropez est présenté comme le point d’entrée de la marchandise illicite. C’est vraisemblablement par cette « porte » que les 700 kg de cocaïne saisis en mars 2013 à Punta Cana devaient entrer sur le territoire national.
Dénégations en série
Ali Bouchareb, seul accusé encore en détention provisoire, est soupçonné d’être le commanditaire. En situation de récidive légale, il risque la perpétuité (les autres encourent trente ans de prison). Il répond « non », quand le président de la cour Jean-Luc Tournier lui demande s’il reconnaît les faits. Son lieutenant présumé, Michel Ristic, notamment accusé d’avoir participé à la réception des premières valises déposées dans le Var, fait la même réponse : « Non, je ne connais personne ici », dit-il en désignant ses coaccusés. Les pilotes qui ont opéré les vols suspects, déjà condamnés en République dominicaine à 20 ans de prison avant de fuir le pays, clament aussi leur innocence. « Je ne suis ni un délinquant, ni un criminel, je ne fais partie d’aucune bande organisée », dit Pascal Fauret d’une voix ferme. Même détermination chez son ami Bruno Odos : « Je ne reconnais absolument pas les faits .» Pierre-Marc Dreyfus et Fabrice Alcaud, responsable de la compagnie aérienne désormais liquidée, démentent également toute implication. Reste Henri Bartolo, l’ancien patron du Club 44, à Toulon, à qui l’on reproche essentiellement un virement d’argent au bénéfice du Toulonnais Frank Colin, avec qui il entretient des liens d’amité. Lui aussi se défend de toute participation.
Des aveux partiels
Les lignes de défense plus nuancées viennent de François-Xavier Manchet et Frank Colin. Le premier reconnaît ne« pas avoir correctement fait [son] travail de douanier » sans toutefois avoir participé à une association de malfaiteurs. On lui reproche d’avoir établi un faux document justifiant un dépôt d’espèces (500 000 euros) au profit de Frank Colin. Ce dernier maintient la version selon laquelle il a voulu infiltrer un réseau de trafiquants de drogue afin de monnayer ses services comme indic auprès des autorités. « Je m’en expliquerai », a-t-il promis à la cour.