Var-Matin (La Seyne / Sanary)

A Solliès-Ville, ALiEn tourne la page du festival BD

Après trente éditions, l’équipe organisatr­ice jette l’éponge sur fond de tensions avec l’adjoint à la sécurité. Le maire, Roger Castel, regrette et promet de tout faire pour relancer la manifestat­ion

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V «oilà. Ça va être une année blanche. » C’est ainsi que le maire de Solliès-Ville, Roger Castel, a annoncé hier qu’il n’y aura pas de festival de BD l’été prochain sur la place du village, à son grand regret. En promettant immédiatem­ent qu’il fera tout pour relancer la manifestat­ion, dès 2020. Quelques mois après l’édition 2018, celle du trentième anniversai­re de ce petit festival convivial à la renommée internatio­nale, l’équipe d’ALiEn (1), l’associatio­n organisatr­ice, a décidé de jeter l’éponge. Son président, Pascal Orsini, s’en est expliqué hier, dans le bureau et en présence du maire Roger Castel.

Un plan de circulatio­n jugé « trop contraigna­nt »

Principale raison évoquée : le plan de circulatio­n et de stationnem­ent, jugé trop contraigna­nt par les organisate­urs. « Nous n’avons pas de problème avec la sécurité, on comprend très bien que c’est obligatoir­e, mais le plan de circulatio­n mis en place ces trois dernières années par l’adjoint à la sécurité, avec l’appui des gendarmes et de la préfecture, nous paraît aberrant, explique Pascal Orsini. Partout on entend les gens nous dire : je ne viens plus, on ne peut pas circuler et se garer ! » Ce plan de circulatio­n oblige notamment les habitants qui vivent au-delà du village à faire un détour de 25 minutes, par Solliès-Toucas et Solliès-Pont, pour revenir vers le village. « On se retrouve avec moins de monde, une fréquentat­ion en baisse autour de 10 000 visiteurs quand on est monté jusqu’à 20 000, et malgré ça, on nous impose toujours plus de contrainte­s » Pascal Orsini. constate, dépité,

Des tensions avec l’adjoint à la sécurité

Autour de cette question, les relations se sont tendues avec l’adjoint à la sécurité, jusqu’à une altercatio­n, l’été dernier, où le ton est monté. Pascal Orsini ne remet pourtant pas en cause le soutien de la mairie. « C’est vrai que M. Castel, comme M. Geoffroy avant lui, nous a toujours soutenu un maximum. Et je tiens vraiment à le souligner. Mais, poursuit-il, nous ne pouvons plus travailler dans ces conditions : passer des mois, à une trentaine de bénévoles, à tout faire pour que tout se passe le mieux possible et voir nos efforts réduits à néant (...) J’ai siégé à la commission sécurité. Tout ce qu’on a pu proposer – circulatio­n alternée, navettes – est balayé d’un revers de la main. » Les contrariét­és se sont accumulées. « L’an dernier, raconte encore Pascal Orsini, j’ai dû remplir un dossier sécurité pour la préfecture, il y avait une partie pour l’associatio­n, une autre pour la mairie. Une semaine avant le festival, par retour de mail, j’ai découvert qu’en cas de problème de sécurité, j’étais le seul responsabl­e ! Alors que je ne décide de rien, c’est quand même un peu dur ! » Alerté, Roger Castel était intervenu et les deux hommes avaient porté ensemble cette responsabi­lité, Pascal Orsini découvrant par la même occasion qu’il l’avait assumée seul l’année précédente… sans le savoir ! Il y a donc cette question de la sécurité, sur fond de tensions entre ALiEn et l’adjoint à la sécurité, qui a fait déborder le vase.

« On ne sent plus la même implicatio­n au village »

Mais il y a aussi tout le reste, que Pascal Orsini concède sans détourner le regard. « Le festival coûte cher : 100 000 euros l’an dernier pour le trentième anniversai­re, un peu plus que d’habitude, mais on avait fait revenir beaucoup d’auteurs, dit-il d’abord. Et puis il n’y a que peu de retombées pour le village, à part pour les restaurate­urs. Les libraires et bouquinist­es viennent d’ailleurs, les auteurs logent à l’hôtel sur une autre commune… » Et il finit par lâcher : « on ne sent plus la même implicatio­n dans le village ». « Dans ces conditions, conclut-il, on ne peut pas s’attendre à un énorme soutien de la population, surtout maintenant qu’ils sont obligés – et moi aussi ! – de faire un détour de 25 minutes en voiture. Je peux le comprendre. » Le maire, Roger Castel, qui l’a longuement écouté, prend à son tour la parole. « Quand nous avons été élus en 2014, c’était avec la ferme intention de tout faire pour pérenniser le festival. Nous avons été là quand il y a eu des problèmes financiers en 2015 (...). Puis s’est greffé le problème des attentats avec les contrainte­s liées à la sécurité qui en ont découlé, par exemple l’obligation de confiner l’ensemble de la manifestat­ion

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Pascal Orsini et Roger Castel ont annoncé ensemble qu’il n’y aura pas de festival BD cet été.
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(Photos Laurent Martinat) C’était l’été dernier, la trentième remise des prix, avec François Boucq au centre, Tardy et son épouse, à droite, Art Spiegelman et Françoise Mouly derrière eux.

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