La cour d’Aix se penche sur le paiement des vols
Les trois vols suspects ont-ils été payés à la compagnie aérienne ? Et comment ? La cour n’a pas eu de réponse précise, hormis le fait qu’on semblait prêt à faire confiance au client
Dans la deuxième semaine (sur sept) du procès Air cocaïne, la cour d’assises spéciale d’Aix-en-Provence s’est attachée hier au fonctionnement de la société qui a organisé les trois vols visés par la procédure, pour trafic international de stupéfiants entre décembre 2012 et mars 2013. La SNTHS (société nouvelle trans hélicoptères services) était dirigée par deux associés, Pierre-Marc Dreyfus et Fabrice Alcaud. qui sont sur le banc des accusés. Principale question : ces vols transatlantiques en Falcon 50, à 23 0000 euros l’unité, ont-ils été payés à la SNTHS ? Et comment, par virements, chèques, en espèces ?
Qui est censé avoir payé ?
S’il faut en croire les déclarations faites lundi par Franck Colin, réputé être le client de ces vols, « ils ont été payés d’avance à Alain Castany par Rayan », désigné comme l’organisateur du trafic. Le cas d’Alain Castany a été disjoint de ce procès, pour raisons de santé. Difficile dans ces conditions de lui poser la moindre question. Quant au mystérieux Rayan, Ali Bouchareb, le seul des accusés à comparaître détenu, a affirmé ne pas être ce « Rayan » et a nié toute implication dans cette affaire. C’est donc auprès des employés et dirigeants de la SNTHS que la cour a cherché des traces de ces paiements.
Pas trace de paiement des vols
Le jeune agent commercial de la société à l’époque a indiqué qu’il ne connaissait pas le client, et que pour lui, l’apporteur d’affaire était Fabrice Alcaud. C’était d’ailleurs à la société de Fabrice Alcaud, la Caps SA au Luxembourg, qu’avait été facturé le premier vol vers Puerto Plata en République Dominicaine. Ces vols ont-ils été payés ? « De mémoire non. Ou plutôt, il me semble que le premier vol avait été payé, le deuxième non, et il n’était toujours pas payé alors que le troisième vol allait partir. » Pour lui, il n’était pas inhabituel que la société se fasse payer ses prestations après les vols, mais uniquement avec les clients de confiance. « Si MM. Alcaud ou Dreyfus avaient donné leur accord, c’est qu’ils avaient confiance. »
Paiements cash ?
Ce commercial a tout de même été interloqué par les conditions financières du premier vol. « Fabrice Alcaud avait dit qu’il avait perçu une caution en espèces de 100000 euros. » Il avait d’ailleurs précisé aux enquêteurs qui l’avaient entendu : « Pour moi, les seules personnes qui peuvent générer autant de cash sont soit les Émiratis, soit les trafiquants de drogue. » « Je ne lui ai jamais dit ça ,aréagi Fabrice Alcaud. J’ai toujours dit qu’Alain Castany m’avait proposé ce mode de paiement et que j’avais dit non. » Le commercial a convenu qu’il avait fait une déduction dans son premier témoignage, en attribuant à tort à Fabrice Alcaud le rôle d’apporteur d’affaire. Quant à la confiance que ce dernier accordait à Alain Castany ? « Tous les clients qu’il nous avait amenés avaient toujours payé. On raisonnait sur du long terme. »
Avance de trésorerie en interne
Toujours est-il que début 2013, la SNTHS s’était retrouvée en position de devoir faire face rapidement aux frais de location du Falcon 50 et de carburant après le premier vol. C’est dans ces circonstances que Fabrice Alcaud avait réglé, par l’intermédiaire de sa société Caps SA, 89700 euros à la SNTHS, ce qu’il voyait comme « une avance de trésorerie ». Il a cependant confirmé qu’ils étaient inquiets quant au paiement du premier vol. Ni la secrétaire commerciale ni le comptable n’ont pu apporter le moindre éclaircissement sur le fait que les trois vols aient été payés ou non. Il n’y a guère eu d’écho dans le prétoire quand l’avocat général a demandé s’il était bien prudent d’organiser un troisième de ces coûteux vols, alors que les deux premiers n’avaient pas été payés.