Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Dans les Alpes-Maritimes « on espère la fin du clan Bouteflika »

- L. B. lbruyas@nicematin.fr

Sur la Côte d’Azur, la diaspora algérienne vit au rythme de la contestati­on de la candidatur­e d’Abdelaziz Boutefika, 81 ans, au pouvoir depuis 20 ans, qui brigue un cinquième mandat présidenti­el. A Alger où la rue gronde et se révolte depuis la semaine dernière. À Paris où des centaines de manifestan­ts ont défilé dimanche. La chute du pouvoir, une nouvelle ère, les partisans, les détracteur­s… C’est le sujet dont tous les Algériens de la Côte d’Azur parlent. Au café, à la mosquée. Mais quand il s’agit d’en parler ouvertemen­t, c’est une autre histoire. Les bouches se ferment.

Le président « est une momie »

Omar est un de ceux qui ont accepté de témoigner. Il a été journalist­e en Algérie. Un anti-Bouteflika des premières heures. Il a fait de la prison pour ses idées politiques. Installé à Nice depuis 12 ans, il est éducateur. Il est « à 1 000 % opposé à un nouveau mandat de Bouteflika » qui a fait un AVC en 2013. « C’est une aberration ! Bouteflika est une momie. Il ne s’est plus adressé au peuple depuis des années. Il ne peut même plus se déplacer pour les événements officiels, le pouvoir amène un cadre avec sa photo… Même ceux qui l’ont soutenu se retournent. Le pouvoir est remis en cause, c’est un début de révolte », tranche-t-il. Mohamed Djadi, imam grassois qui a quitté son Algérie natale il y a 32 ans, était justement « dans le comité de soutien de Bouteflika pour son premier et son deuxième mandat. Mais le troisième était de trop ». Dans les Alpes-Maritimes, assure-t-il, « les Algériens sont tous contre ce 5e mandat. Ils ne sont pas forcément contre Bouteflika mais tout le monde sait qu’il ne gère pas le pays, il est malade. Il faut le laisser en paix et il faut d’autres visages ». Quelque chose est en train de changer, il en est persuadé et « regarde avec fierté ce que fait le peuple algérien ».

« C’est la jeunesse qui est dans la rue »

« On a été les premiers surpris de ces manifestat­ions », explique, pour sa part, Nourredine, 29 ans. Lui est né en France de parents algériens « peu politisés » et a fait un master de recherche sur la diplomatie algérienne sur le continent africain de 1979 à 1998 à la fac Carlone de Nice. « C’est la jeunesse algérienne qui est dans la rue. Les anciens dans les campagnes, c’est plus compliqué : ils gardent en mémoire le Bouteflika arrivé en sauveur après la décennie noire (une guerre que l’Algérie a livrée au terrorisme islamiste dans les années quatre-vingtdix, N.D.L.R.) ». Les Algériens dénoncent « la corruption du pouvoir. Ils désapprouv­ent la culture du “trop”. Ils se sentent humiliés par ce président qui fait d’eux la risée du monde et revendique­nt la démocratie », poursuit le jeune historien. « On espère la fin du clan Bouteflika. Ce qui est certain, c’est qu’il va y avoir un renouvelle­ment politique ». Les Algériens de Nice et de la Côte d’Azur pourraient­ils manifester leur soutien à « ce changement » ?. « Possible même si pour l’instant aucune initiative n’est prise », répond Mohamed Djadi. Omar est plus catégoriqu­e : « Bien sûr qu’il pourrait y avoir un rassemblem­ent ici. Reste à l’organiser et lui donner un sens ». Lui, en tout cas, est certain d’une chose : « Selon comment les choses évoluent en Algérie », il rejoindra son pays « pour participer à ce nouveau départ ».

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(Photo AFP) La diaspora algérienne de la Côte d’Azur suit les manifestat­ions qui secouent Alger et le pouvoir depuis la semaine dernière.

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