Printemps algérien
C’est un mouvement naissant, mais déjà historique. L’éclosion à travers le pays de manifestations pour dénoncer la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat soulève une immense vague d’espoir en Algérie où un certain nombre de libertés demeurent relatives. Dans un pays où % de la population a moins de vingt ans, qui n’a pas (encore) connu de printemps arabe, ce soulèvement n’a rien de surprenant. Difficile en effet d’imaginer que les Algériens accepteraient indéfiniment d’être dirigés par un président fantôme, muet et invisible ; incarnation à peine vivante d’un système qui a su verrouiller d’une main ferme l’essentiel des pouvoirs. Hospitalisé à Genève depuis quelques jours, Abdelaziz Bouteflika n’a pas pris la parole en public depuis presque sept ans et un double AVC qui l’a condamné à rester dans un fauteuil roulant. Sa présence se limite à un portrait désuet de lui, accroché lors des manifestations officielles. Quel symbole pour le pays, quel symbole pour la jeunesse ! Sept ans plus tard, « Boutef », qui expliquait lors de son dernier discours public le mai qu’il avait « fait son temps », est toujours au pouvoir et serait donc prêt à rempiler jusqu’à... ans. Sa candidature sera-t-elle maintenue ? C’est hautement probable, même si certains émettent des doutes, à l’image d’Ali Benouari, un ex-ministre du Trésor qui affirme que le président « est en permanence sous perfusion, ne parle plus » et soutient qu’« aucun médecin ne veut délivrer de certificat attestant que Bouteflika est en état de se présenter. » Sera-t-il bel et bien candidat, à la faveur d’un miracle ? Renoncera-t-il ? Quel que soit le scénario, l’avenir politique de l’Algérie reste bien flou. La succession de celui qui a pris les rênes du pays après une décennie d’horreur est toujours taboue et aucun visage, à l’exception du très médiatique trublion Rachid Nekkaz ne semble émerger. La réflexion au Point d’un cadre du FLN résume plutôt bien la situation : « Nous avons deux plans : Le plan A, comme Abdelaziz. Et le plan B, comme Bouteflika ! »