Les céphalées secondaires
Le mal de tête est une pathologie aussi répandue que mal connue. Nombreux sont ceux qui en souffrent sans trouver le bon remède. Pour cela, il est impératif d’avoir le bon diagnostic
Pour les uns, la lumière et le bruit sont insupportables ; pour d’autres, c’est la sensation d’avoir le crâne enserré dans un étau qui est intenable. Les maux de tête peuvent prendre des formes tout à fait différentes d’un individu à l’autre. Des effets variables et des causes qui le sont tout autant. Si des traitements existent, encore faut-il d’abord avoir posé le bon diagnostic. Le Pr Louis Crampette, ORL au CHU de Montpellier, qui participait aux 21es Assises d’ORL de Nice, passe en revue les céphalées et autres algies vasculaires de la face : « Les céphalées sont des douleurs siégeant au niveau de la tête. La localisation (crânienne ou faciale) peut être différente de leur origine. » Un patient peut se plaindre d’avoir mal en région frontale, évoquant une sinusite frontale, sans que la douleur y ait son origine : elle peut par exemple être liée à une cause endocrânienne comme une migraine. Autre exemple : certaines douleurs du sommet du crâne peuvent être causées par une sinusite particulière concernant un sinus profond, le sinus sphénoïdal. La migraine a beau être la troisième pathologie la plus fréquente au monde, beaucoup de personnes errent sans savoir de quoi elles souffrent précisément. de l’aura (ils sont surtout visuels : « éclairs » devant les yeux, scotomes, etc.) se développent en quelques minutes, successivement et sans jamais excéder une heure. Et entre les crises, l’examen clinique est normal. La migraine sans aura, elle, va durer de 4 à 72 heures sans traitement. Elle est souvent unilatérale, (Anti-inflammatoires non stéroïdiens, Nldr), de l’ibuprofène ou ketoprofène, indique le Pr Crampette. On peut aussi prescrire des triptans, qui ont véritablement révolutionné la prise en charge de la migraine. » Ces triptans sont ce qu’on appelle des agonistes de la sérotonine : pour résumer, ils viennent rétrécir les vaisseaux présents dans les méninges et empêchent la libération des substances qui provoquent la douleur. « Attention, il faut être vigilant et prendre un comprimé dès que la douleur survient. Si cette première prise est inefficace, il est possible d’en prendre un second deux heures après. Mais jamais plus de deux sur une période de 24 heures », souligne le Pr Crampette.
Diagnostiquer pour bien soigner
Autre type de mal de tête fréquent : les céphalées de tension, qui concernent environ 3 % de la population, indistinctement les hommes et les femmes. « Elles peuvent être liées à de l’anxiété, une tension musculaire, des facteurs neurologiques centraux mais aussi des prises excessives de paracétamol, indique l’ORL. La douleur est ici bilatérale, antérieure (c’est-àdire au niveau du front) et/ou postérieure (aux cervicales). Leur intensité reste légère à modérée et elles ne s’accompagnent pas de nausées ou vomissement. Plusieurs types de traitements sont envisageables mais avant toute chose, il faut imposer un sevrage du paracétamol. Ensuite, on peut essayer des neuroleptiques ou anti-dépresseurs ainsi qu’une psychothérapie, de l’hypnose, de l’ostéopathie ou encore de l’acupuncture. » Autre affection, particulièrement pénible, l’algie vasculaire de la face (les hommes y sont cinq fois plus sujets que les femmes). La douleur se déclare toujours du même côté, dans la région péri et rétro-orbitraire – des patients expliquent avoir l’impression qu’on leur arrache les yeux – et ces crises se répètent chaque jour à la même heure pendant une période Lescéphaléessontditessecondaires lorsqu’elles sont liées à une pathologie, une anomalie ou à un traumatisme. Il « suffira » donc de traiter cet événement pour que disparaissent ces maux de tête. Elles peuvent ainsi être dues à des sinusites, des tumeurs malignes ou encore des douleurs de point de contact (entre le cornet moyen – une saillie courbe sur la paroi externe de la fosse nasale et de la cloison nasale, par exemple). « Parfois la douleur vient d’un dysfonctionnement de l’appareil manducateur, explique le Pr Crampette. Le patient dit qu’il a mal à l’oreille, notamment pendant la mastication. Il se plaint parfois aussi d’acouphènes, de douleurs cervicales et/ou orbitaires. Dans ce type de cas, on peut proposer des anti-inflammatoires non stéroïdiens ou des antalgiques sur une période brève, envisager une rééducation fonctionnelle (par exemple la confection d'une gouttière dentaire mise en place la nuit pour lutter contre le bruxisme – les dents qui grincent). »
donnée (qui peut être suivie de phases de rémission très longues). « Chez 95 % des patients, l’injection de sumatriptan est efficace en 10 minutes (mais il ne faut pas dépasser deux injections par jour !). Autre possibilité : l’oxygénothérapie nasale normobare (qui consiste à faire respirer de l’oxygène, Ndlr), commente le Pr Crampette. On peut proposer un traitement de fond à base de verapamil en première intention. » Quel que soit le cas de figure, le diagnostic peut être long. Mais il est absolument indispensable pour trouver la réponse appropriée à ces douleurs.