Levothyrox : l’indemnisation des victimes tranchée demain
Les utilisateurs du Levothyrox ont-ils été suffisamment informés sur le changement de formule du médicament, soupçonné de leur avoir occasionné des troubles ? C’est ce que la justice va trancher demain, dans le volet civil de ce vaste
(1) dossier. À l’audience, le 3 décembre près de Lyon où le groupe pharmaceutique allemand Merck a son siège français, les avocats de 4 113 malades de la thyroïde ayant utilisé ce traitement ont réclamé une indemnisation de 10 000 € pour chacun d’eux. « J’accuse Merck de savoir que le changement de formule allait avoir des conséquences néfastes, de faire peu de cas des malades et de privilégier les intérêts financiers de ses actionnaires », a lancé Me Christophe Lèguevaques devant le tribunal d’instance, délocalisé pour l’occasion en raison d’une nombreuse assistance – quelque 200 requérants étaient présents au procès, en majorité des femmes.
« Depuis le début, nous disons que le sujet ce n’est pas le médicament mais l’information autour du médicament. »
« Pas une réglementation violée »
Le fabricant nie toute sous-information : un plan de communication « extrêmement large », consistant en l’envoi de « 300 000 communications par courrier, fax et mail auprès de 100 000 professionnels de santé », avait été engagé au moment du lancement en France, fait-il valoir. L’un des avocats du laboratoire, Me Jacques-Antoine Robert, a assuré dans sa plaidoirie que « pas une réglementation n’a été violée », tout en critiquant l’action collective lancée par la partie adverse : « Dans 200 dossiers, il y a zéro pièce. Des milliers d’autres sont incomplets et pour 800, il y a lieu de se poser la question », a estimé le conseil, hué à la clôture des débats. 1. L’affaire fait aussi l’objet, au pénal, d’une information judiciaire contre X instruite par le pôle santé du tribunal de grande instance de Marseille. Ouverte le 2 mars 2018 pour tromperie aggravée, blessures involontaires et mise en danger de la vie d’autrui, elle a été élargie depuis au chef « d’homicide involontaire ».