Ils prototypent les modèles économiques de demain Ça buzze
Le Grassois Areco et la Mouansoise Valénergies font appel à la fonctionnalité pour trouver un modèle économique plus efficient. ImmaTerra les accompagne
Ala question « Peut-on continuer à faire du business comme aujourd’hui et utiliser nos ressources à l’infini », Michel Gschwind, pdg d’Areco à Grasse, et Olivier Bechu, directeur général de Valénergies à Mouans-Sartoux, répondent non sans hésiter. Une réponse logique puisque les deux dirigeants ont décidé il y a quelques années de mettre en place un nouveau modèle économique efficient et durable. Ils ont été accompagnés dans leur démarche par Christophe Sempels, directeur scientifique d’ImmaTerra, qui a développé une méthodologie se basant sur l’économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC) et qui vise à optimiser l’usage plutôt que le produit. Invités au Village by CA Sophia par le Réseau Entreprendre Côte d’Azur, ils ont partagé leur expérience.
Trouver sa raison d’être
La raison d’être d’une entreprise est le point de départ de la réinterrogation de son modèle économique. Pour le Grassois Areco qui fabrique des produits de nébulisation (un brouillard très fin qui humidifie et désinfecte les produits frais, ndlr), la réponse semblait évidente. Il s’agissait de fournir à ses clients, la grande distribution, des machines pour préserver la fraîcheur des produits. « On s’est rendu compte que la nébulisation divisait par deux la perte de nutriments des fruits et légumes », souligne Michel Gschwind, ce qui est une vraie valeur ajoutée pour le consommateur. C’est finalement dans la promotion des ventes pour des produits frais et sains que réside la raison d’être d’Areco. « Le focus est sur la santé des consommateurs et de l’environnement. Nous sommes dans une logique de BtoCtoB. » Le leader mondial de la nébulisation présent dans quelque 6 000 magasins dans le monde a fait évoluer son offre « avec divers dispositifs connectés permettant de faire remonter aux commerçants, grandes et moyennes surfaces, les infos collectées par des capteurs (température, humidité, le stock en temps réel...) et donc de dynamiser leurs espaces de ventes. » Areco a développé des partenariats avec des différents fournisseurs qui sont devenus parties prenantes de sa solution. « On travaille avec l’Inria pour faire la reconnaissance automatique de produits. » Du coup, « Notre offre est intégrée. Cela nous permet d’aller plus vite, plus loin grâce à des compétences uniques. » En suivant les principes d’ImmaTerra, la PME a réussi à utiliser ses ressources matérielles et immatérielles, c’est-à-dire l’expertise qu’elle a développée au fil des années. Elle a aussi trouvé son efficience sociale et environnementale en participant à la préservation des ressources naturelles et en générant un bien-être auprès des consommateurs. La panacée donc ? Pas loin puisque le chiffre d’affaires est passé de 4,5 M€ en 2012 à 14 M€ en 2018. Le pdg qui s’est intéressé à l’EFC dès 2012 admet qu’il a fallu du temps pour trouver sa raison d’être et de convaincre ses collaborateurs. Il note désormais une amélioration de l’efficacité qui se ressent aussi chez les clients. « Leclerc a annoncé qu’il ne sélectionnerait bientôt plus que des fournisseurs engagés dans une démarche RSE. » Areco fait face à un nouveau problème : « Notre modèle fonctionne bien : on estime entre 500 et 600 le nombre clients intéressés. Mais comment passer à l’échelon supérieur ? Comment le financer ? »
Un long processus
Entrée plus tard en 2016 dans l’EFC, la Mouansoise Valénergies a aussi pivoté son modèle. L’entreprise qui est dans l’efficacité énergétique vendait « à l’origine à ses clients un produit clés en main leur permettant de produire de l’électricité pour la revendre sur le réseau ou la consommer sur place », détaille son dirigeant Olivier Béchu. Si ce n’est que peu étaient disposés à mettre de l’argent dans l’énergie d’autant que les retours sur investissements sont longs :