Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Une belle vie passée dans l’intimité des présidents

L’Antiboise Caroline Pigozzi, grande plume de la presse politique, commente en compagnie du journalist­e Philippe Goulliaud Les photos insolites des présidents de la Vè République

- PROPOS RECUEILLIS PAR ROBERT YVON ryvon@nicematin.fr

Quand une dame grand reporter à Paris Match décide de croiser sa plume avec l’une des figures de la presse politique française, cela donne un beau livre album événement pour fêter les 60 ans de la Ve République, célébrés en 2018. L’Antiboise Caroline Pigozzi cosigne son nouvel ouvrage – en grande partie écrit dans sa propriété du Cap d’Antibes – avec son confrère Philippe Goulliaud. Un livre intitulé simplement Les photos insolites des présidents de la Ve République. Les auteurs ont déniché 353 photograph­ies rares ou inédites de ces hommes de pouvoir au naturel comme dans leur fonction.

Qu’avez-vous voulu montrer avec ce livre ?

Qu’il existe une réelle évolution entre les photograph­ies prises à l’époque du général De Gaulle et celles d’aujourd’hui. Progressiv­ement, la photo soignée et calculée a pris le pas sur un cliché plus spontané. Dès Nicolas Sarkozy, les présidents posent d’avantage sur les photos mais sont aussi plus méfiants visà-vis de la presse et des journaux.

Quel regard avez-vous sur les différents présidents de la Ve République ?

Philippe et moi avons cherché à faire ressortir cette part d’émotions, qui peuvent même trahir certains traits de caractère des présidents de la République. J’ai une tendresse particuliè­re en ce qui me concerne pour le général De Gaulle. Il me ramène à l’image de mon père, grand patron de l’industrie française qui a fondé les usines Simca. On voit d’ailleurs sur une image inédite du général, la Simca que mon père lui avait spécialeme­nt créée. De Gaulle, c’était une stature extraordin­aire, une grande présence et un sens inouï de la photograph­ie. C’est le premier président à avoir compris l’importance de l’image. Pour Valéry Giscard d’Estaing, c’était déjà une certaine rigueur dans la communicat­ion. Nous avons quand même réussi à sortir un cliché qui le montre au piano, face à Claude François pour un Noël à l’Élysée. Pompidou, c’était un homme élégant, souriant, qui fumait tout le temps. Sauf qu’il est impensable aujourd’hui, de voir un président en train de fumer. Jacques Chirac, je l’ai beaucoup suivi en tant que journalist­e. C’est un personnage aimable et sympathiqu­e, spontané, gourmand, n’aimant pas vraiment se faire photograph­ier et demeurant alors impatient et directif avec le photograph­e souhaitant diriger les opérations. François Mitterrand était très intimidant. François Hollande, quant à lui, met très à l’aise. Emmanuel Macron aujourd’hui vous regarde droit dans les yeux.

Quelle a été la photograph­ie la plus difficile à obtenir ?

Pour ce livre, nous avons obtenu beaucoup de photos inédites vraiment confiées par les familles des présidents. La toute dernière, c’est François Hollande qui l’a envoyée au dernier moment : un cliché de son labrador Philae et de ses dix chiots nés à l’Élysée.

Qui vous a aidé à choisir tous ces clichés ?

Marc Brincourt, mémoire photograph­ique de Paris Match. Il est allé puiser dans des documents historique­s et nous a montré sa sélection de   photos. On en a choisi . Ensuite nous avons réalisé des interviews, travaillé sur nos souvenirs et tenté de raconter l’histoire de toutes ces images, et de celles issues de collection­s privées.

Il y a aussi des photos prises dans des instants difficiles à l’instar de celle de François Hollande qui apprend l’attentat de Nice ?

Oui parce que nous avons voulu écrire un livre chargé d’histoire et d’émotions. Il y a effectivem­ent cette image poignante du président Hollande rédigeant un message juste après l’attentat de Nice. On voulait montrer que dans la vie d’un président, il y a de grands moments de solitude et de gravité face à leurs responsabi­lités.

Quel rôle accordez-vous aux premières dames qui sont beaucoup présentes dans ce livre ?

Ce sont elles qui disent la vérité à l’oreille du président et qui ne cherchent pas à les flatter. Nous montrons aussi des moments de tendresses intimes. Chacun des huit chefs de l’État a incarné la France de son époque avec une femme à ses côtés.

Avez-vous une image préférée ?

Elle est en couverture du livre. C’est une photograph­ie du général De Gaulle face à Jacqueline Kennedy rayonnante. Je trouvais qu’elle avait un petit regard coquin sur cette image. Ensuite, j’ai glissé dans ce livre quelques souvenirs personnels, y compris des images de mes filles dont l’une qui interview Jacques Chirac. Mais il ne s’agit que d’un clin d’oeil. Ensuite, il y a nos trouvaille­s, comme ce cliché du général De Gaulle, en , sur lequel on le voit tirant la poussette de sa seule petite-fille, Anne. Un inédit que m’a confié quarante-huit ans plus tard, Anne de Laroullièr­e, elle-même. Je suis aussi très attachée à un autre document inédit donné par François de Gaulle, l’un des neveux du général. On le voit après qu’il a célébré la messe dans la chapelle de l’Élysée.

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(DR) L’Antiboise Caroline Pigozzi ici avec François Hollande
 ?? Giscard d’Estaing encore ministre des Finances, déjeune avec Georges Pompidou. ??
Giscard d’Estaing encore ministre des Finances, déjeune avec Georges Pompidou.
 ?? François et Danielle
Mitterrand à Solutré. ??
François et Danielle Mitterrand à Solutré.
 ?? Charles De Gaulle promenant l’un de ses petits enfants à Colombey. ??
Charles De Gaulle promenant l’un de ses petits enfants à Colombey.

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