La chasse au CO affole le Salon de Genève
Les contraintes européennes en matière d’émissions de CO2 provoquent un vent de panique chez les constructeurs. Ils ont moins d’un an pour trouver des solutions
Drôle d’ambiance à Genève. Si les petits constructeurs de supercars aux performances ébouriffantes et aux tarifs délirants ont toujours leur rond de serviette en Suisse où le 89e Salon de l’automobile ouvre ses portes au public demain, les marques généralistes ne pensent qu’à l’électrique. À l’exception de Renault, qui a plusieurs années d’avance au compteur, chaque constructeur y va de sa nouveauté. Peugeot présente sa nouvelle e-208, Audi son Q4 e-tron, Seat son quadricycle électrique, Honda dévoile son petit véhicule urbain zéro émission et annonce l’électrification totale de sa gamme en Europe d’ici à 2025.
Amendes records
Ne nous y trompons pas, ce souci n’est pas (uniquement) motivé par une prise en compte soudaine des enjeux environnementaux, mais bel et bien par des histoires de gros sous. Le 1er janvier 2020, la réglementation européenne imposera que la moyenne des rejets de CO2 soit abaissée à 95 g/km. Si cet objectif n’est pas atteint, les groupes automobiles devront s’acquitter d’une amende de 95 € par voiture... et par gramme supplémentaire. « Nous avons estimé le coût à 400 millions d’euros par gramme de dépassement », s’inquiète le directeur général de Peugeot, Jean-Philippe Imparato. Il pointe «un environnement très anxiogène », faisant écho aux propos tenus au Figaro lundi par le patron de PSA Carlos Tavares. Dénonçant « la violence » du « diktat » de l’Europe, celui qui est aussi président de l’Association européenne des constructeurs d’automobiles (ACEA) craint que les amendes mettent certains groupes « à genoux ».
« Clients largués »
Comme toutes les autres firmes automobiles, PSA a donc engagé une course contre la montre. « Nous serons prêts, mais nous devons adapter dès maintenant nos gammes de véhicules », détaille Jean-Philippe Imparato. Électrique, hybride, hybride rechargeable : des dizaines de modèles de toutes les marques vont arriver sur le marché. Les acheteurs suivront-ils ? À Genève, la question entraîne des silences gênés sur tous les stands. Chez Renault, leader du marché avec 100 000 véhicules zéro émission commercialisés depuis 2011 en France, on se félicite du succès de la ZOE dont les ventes ont progressé de 93 % sur les six derniers mois. Mais Eric Pasquier, directeur marketing de la marque, se garde bien de tout triomphalisme. « Nous pensons que le marché va se développer, mais il faut que tout le monde pousse dans le même sens, que l’Etat continue à soutenir l’électrique et que les infrastructures de recharge se développent. » Beaucoup de « si » pour une révolution technologique à marche forcée que les consommateurs ont un peu de mal à suivre. « Et quand les clients sont largués, ils n’achètent pas... », prévient le patron de Peugeot.
Carlos Ghosn libéré sous caution
L’ancien patron des constructeurs automobiles Nissan et Renault Carlos Ghosn s’est dit, hier, « innocent » et « résolument déterminé » àse « défendre vigoureusement », après la confirmation au Japon de sa libération sous caution. « Je suis infiniment reconnaissant envers ma famille et mes amis qui m’ont soutenu tout au long de cette terrible épreuve », a déclaré Carlos Ghosn dans un communiqué diffusé par son agence de communication à Paris, alors que des médias au Japon ont indiqué que le tribunal de Tokyo avait rejeté, hier soir, l’appel du procureur et confirmé l’approbation de libération sous caution ( M€) de l’ex-PDG, détenu depuis plus de cent jours. « Je tiens également à remercier les associations et les militants des droits de l’homme au Japon et dans le monde entier qui luttent pour le respect de la présomption d’innocence et la garantie d’un procès équitable», a-t-il ajouté.